L'Unité permanente anticorruption, l'UPAC, est sortie de sa réserve habituelle pour remettre les pendules à l'heure. Ses enquêteurs ont bel et bien rencontré la vérificatrice du ministère des Transports, Louise Boily, avant de transmettre son rapport au Directeur des poursuites criminelles et pénales.

Une station de radio soutenait hier que l'UPAC n'avait pas cru bon de même rencontrer la « sonneuse d'alerte » avant de transmettre son rapport à la police. « Mme Boily a été rencontrée à deux reprises par nos enquêteurs, dans les jours suivant son témoignage à la Commission parlementaire de l'administration publique, le 8 juin 2016 », a souligné hier Anne Frédérique Laurence, porte-parole de l'UPAC. En tout, 46 enquêteurs avaient été affectés à des volets de ce dossier complexe.

Le DPCP annonçait mardi qu'il n'y aurait pas de poursuites : les documents censés avoir été « falsifiés » qui avaient été transmis aux députés membres de la Commission de l'administration publique étaient en fait des versions préliminaires, « de travail », communiquées par erreur. Le DPCP conclut aussi qu'il n'y a pas eu d'abus de confiance, que l'intimidation dont Mme Boily disait avoir été victime n'était pas avérée.

D'autres sources policières confient de plus que Mme Boily a été rencontrée à pas moins de six reprises par les enquêteurs de l'UPAC. Avant les deux rencontres de la mi-juin 2016, la vérificatrice avait été vue à quatre occasions pour des signalements qu'elle avait faits à la police, indique-t-on.

À l'été 2016, aussi, après la commission parlementaire, les enquêteurs de l'UPAC ont rencontré la sous-ministre aux Transports, Dominique Savoie - mise sur la touche par le premier ministre Couillard au cours de cette controverse, déclenchée par l'ancien ministre Robert Poëti. L'UPAC a aussi rencontré une sous-ministre adjointe, Danièle Cantin, visée par les accusations d'intimidation de Mme Boily, et une autre cadre du Ministère, Nathalie Noël.

Savoie n'est pas surprise

La vérificatrice générale doit remettre un rapport portant précisément sur les processus appliqués pour les vérifications du Ministère, un constat mitigé où elle indique que partout les pratiques auraient pu être améliorées, confie-t-on en coulisses. Mme Boily est absente du ministère des Transports, pour congé de maladie.

Devant la décision du DPCP, l'ex-sous-ministre des Transports, Mme Savoie, a publié une déclaration écrite. Elle accueille « avec satisfaction mais sans la moindre surprise » la décision de ne pas porter d'accusations. Le contrôle d'une organisation aussi complexe que le ministère des Transports « est toujours perfectible », convient-elle.

Mise à l'écart par le premier ministre Couillard à cause de cette controverse, elle souligne que « des réputations ont été injustement ternies ». Le dossier est clos pour elle, les faits sont « implacables », conclut Mme Savoie, désireuse de « poursuivre sereinement ma carrière au sein de l'appareil public ».