Le fait qu'il ait continué de côtoyer des individus liés à la mafia et qu'il ait communiqué avec certains d'entre eux par messages cryptés a coulé Desiderio Pompa, qui a vu sa libération conditionnelle être révoquée lundi.

Pompa, 39 ans, a été condamné à une sentence de trois ans pour possession d'arme en décembre 2014. Il a été libéré d'office - après avoir purgé les deux tiers de sa sentence- à la fin septembre 2016, mais sa libération a été suspendue le 29 novembre suivant, à peine deux mois plus tard. Pompa a été renvoyé au pénitencier pour avoir brisé ses conditions, car des policiers auraient appris qu'il maintenait des liens avec des mafiosi et qu'il aurait été impliqué dans des activités criminelles.

Lors d'une audience qui s'est tenue lundi, un commissaire aux libérations conditionnelles a décidé de révoquer sa libération. Un nouveau calcul de sentence a été fait et une nouvelle date de libération d'office a été fixée à l'été prochain.

Mais pour prévenir le coup, le commissaire impose déjà à Pompa de sévères conditions. Ainsi, il sera assigné à une maison de transition, devra respecter un couvre-feu, éviter toute personne qu'il sait liée à une organisation criminelle ou qui possède un casier judiciaire, divulguer toutes ses transactions financières, ne pas consommer de drogue et d'alcool, éviter les maisons de jeu, les débits de boisson et les cafés italiens, notamment le café Bellerose à Laval, cible d'un cocktail Molotov en septembre 2016.

Mauvaise gageure

Pompa est considéré - jusqu'à tout récemment encore du moins - par la police comme un fidèle soldat du clan Rizzuto-Sollecito. Lors de son procès, un enquêteur de la Division du crime organisé du SPVM avait dépeint Pompa comme l'un des collecteurs des paris sportifs de la mafia qui avait notamment pris la relève d'Ennio Bruni - assassiné en septembre 2010 - dans l'ancien quartier général de ce dernier, le café Bellerose.

Dans sa décision, le commissaire cite des sources policières qui décrivent Pompa comme un individu actif au sein de « l'organisation de Stefano Sollecito ». On apprend également que lorsque sa libération conditionnelle a été suspendue, Pompa aurait communiqué par messages textes cryptés sur PGP avec trois associés. De plus, quelques semaines à peine après sa libération d'office en septembre 2016, Desiderio Pompa a été avisé par les policiers que sa vie était menacée.

« Les zones grises qui demeurent dans votre criminalité et la nature de vos crimes amènent la Commission à être extrêmement prudente envers la sécurité du public. Le fait que vous transportiez une arme chargée demeure préoccupant », écrit le commissaire dans sa décision.

La situation est encore très volatile au sein de la mafia. Depuis septembre dernier, une quinzaine d'incendies criminels ont été perpétrés contre des cafés et des salons de coiffure et selon nos sources, il pourrait s'agir d'un bras de fer entre clans mafieux pour le contrôle du livre des paris sportifs qui appartiendrait toujours à Stefano Sollecito.

Desiderio Pompa, qui occuperait officiellement un emploi de cuisinier, nie tout lien et toute implication avec le crime organisé.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.