Jacques Filteau, 68 ans, Hells Angels depuis plus de 40 ans, membre fondateur de la section de Sherbrooke et complice après le fait de la célèbre tuerie de Lennoxville, vient d'obtenir sa libération d'office, après avoir purgé les deux tiers de sa peine.

Mais compte tenu « de sa criminalité passée et inhérente à son choix de vie, sa responsabilisation et ses motivations évaluées à faible, sa dangerosité sociale et son risque de récidive élevé », les commissaires aux libérations conditionnelles l'assignent à résidence et lui interdisent de fréquenter les établissements licenciés et tout individu ayant des antécédents ou étant lié à une organisation criminelle.

Arrêté dans l'opération SharQc en avril 2009, Filteau a fait comme plusieurs de ses « frères » Hells Angels et a plaidé coupable au chef de complot pour meurtre en 2012. Il a été condamné à 13 ans et six mois de pénitencier, mais sa peine a été réduite de moitié par la Cour d'appel, à la suite de la fin abrupte du procès SharQc en octobre 2015.

Un décideur

Dans leur décision, les commissaires écrivent que Filteau a été l'un des responsables des importations de drogue pour les Hells Angels, qu'il aurait transigé avec d'autres organisations criminelles, dont la mafia, et qu'il aurait même été membre d'un « comité décidant des exécutions » durant la guerre des motards.

Ils ajoutent que Filteau aurait été vu régulièrement armé durant le conflit et qu'il aurait versé sa contribution de 10 % de ses revenus à l'organisation, pour financer la guerre qui a fait 160 morts et autant de blessés, entre 1994 et 2002.

En 1987, Jacques Filteau a été condamné à une première peine fédérale pour avoir nettoyé la scène de crime et transporté les corps des Hells Angels de l'ancienne section North retrouvés dans le fleuve après la fameuse purge de Lennoxville de 1985.

Alors membre des anciens Gitans, qu'il avait cofondés, Filteau avait aussi été impliqué dans un viol collectif survenu dans le local du club, en 1974, arrêté et condamné.

Filteau dit s'être retiré des Hells Angels, mais le service de la sécurité préventive des Services correctionnels le considère toujours comme un membre en règle.

À son équipe de gestion de cas, Filteau a dit ne pas savoir que la contribution de 10 % qu'il versait durant la guerre des motards servait à financer des meurtres. Il nie avoir été impliqué dans les meurtres ou les avoir encouragés.

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