Un entraîneur d'une équipe de soccer composée de jeunes de 16 et 17 ans vient d'écoper d'un dossier criminel pour avoir asséné un coup de poing à un arbitre, dans l'une des rares causes de violence sportive à aboutir devant la justice.

Marvens Jean-Charles était mécontent de l'expulsion de certains joueurs qui se battaient entre eux, en janvier 2014, lors d'un tournoi annuel organisé à l'école secondaire Georges-Vanier, dans l'est de Montréal.

Il a été condamné à une amende de 500 $ et un an de probation et n'a donc pas réussi à échapper au dossier criminel, comme le demandait son avocat. Dans une décision rendue le mois dernier et qui vient d'être publiée, la Cour municipale de Montréal a semoncé l'homme de 30 ans.

« L'infraction à sanctionner n'est pas banale ; elle est sérieuse, grave même », a écrit le juge Gilles R. Pelletier. Pour lui, il était important d'imposer une peine substantielle, « surtout lorsqu'on considère l'âge des joueurs qui ont été témoins de l'incident ou qui en ont autrement eu vent, et l'exemple que peut représenter pour eux leur entraîneur ».

Ce jour-là, Marvens Jean-Charles remplaçait l'entraîneur habituel de l'équipe, retenu à la maison.

« Le match est serré. Vient un moment où des joueurs commencent à se battre entre eux. L'arbitre expulse certains joueurs, mais la situation s'envenime, il y a bataille générale. L'arbitre met alors fin à la rencontre, ce qui entraînera la disqualification des deux équipes », raconte le magistrat dans sa décision.

« Le délinquant n'accepte pas la décision ; il s'approche de l'arbitre, et, au terme de rapides échanges verbaux, selon la version du délinquant, il lui assène un coup de poing à la figure », peut-on lire dans la décision du magistrat.

L'arbitre n'a pas eu de séquelles permanentes, mais il a tout de même souffert d'« étourdissements et de douleur passagère ».

La Couronne demandait au juge Pelletier de condamner l'homme à deux ans de probation, ainsi qu'à une amende de 500 $. La défense demandait plutôt une absolution conditionnelle et 60 heures de travaux communautaires, ce qui aurait évité à l'homme de traîner un dossier criminel, favorisé ses perspectives d'emploi et facilité le passage aux États-Unis, où il a de la famille.

Mais « l'imposition d'une peine ne vise pas à éliminer les inconvénients qu'elle sous-tend », a tranché le juge Pelletier.

« Envoyer un message »

« J'ai trouvé la décision sévère, a affirmé Olivier Sirard, l'avocat de M. Jean-Charles, en entrevue téléphonique. Ma compréhension, c'est que le juge voulait envoyer un message sur la violence dans le sport, surtout que c'était le coach, donc une figure qui doit montrer l'exemple. »

« Évidemment, au niveau punitif - strictement parlant, sans penser au dossier criminel -, ç'aurait été plus pénible de faire des travaux que de payer l'amende, mais un dossier criminel, ça va lui poser des problèmes dans son futur. Il l'a appris à la dure », a-t-il ajouté.

Marvens Jean-Charles n'a pas voulu discuter de la condamnation avec La Presse.

« Lorsqu'on pratique un sport d'équipe, on doit accepter les règles qui s'y appliquent et on doit accepter que celles-ci soient gérées par un arbitre », a écrit le juge Pelletier. 

« Tabasser l'arbitre, c'est s'en prendre à celui qui représente conventionnellement et implicitement l'autorité », a estimé le juge Gilles R. Pelletier.

Michel Dugas, chargé des communications de la Fédération de soccer du Québec, a indiqué à La Presse que son organisme ne pouvait sévir contre l'entraîneur en question parce que le tournoi n'était pas organisé par une « ligue fédérée ».

Peu importe la nature du match, un arbitre peut toujours déposer une plainte à la police en parallèle d'un processus disciplinaire interne, a affirmé M. Dugas. « C'est évident, a-t-il dit. Si [quelqu'un] a commis des voies de fait, il peut être poursuivi au niveau civil et au niveau criminel. C'est complètement à part. »

Les sanctions que peuvent imposer les instances disciplinaires de la Fédération sont des suspensions et des amendes.