Le premier ministre Philippe Couillard promet que les établissements de détention du Nunavik seront mis à niveau « le plus rapidement possible », mardi, dans la foulée d'un rapport dévastateur de la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain.

M. Couillard s'est dit « très préoccupé » par le rapport rendu la semaine dernière, qui lève le voile sur les conditions horribles dans lesquelles les Inuits sont incarcérés dans le Nord québécois.

Il compte s'assurer que les installations fassent l'objet d'un redressement au plus vite.

« On va le faire le plus rapidement possible, a dit M. Couillard. On va d'abord faire constater, comme ça a été fait par la Protectrice du citoyen, l'ampleur des travaux à faire, la priorisation à y donner. Il n'y a certainement pas lieu de faire des compromis là-dessus. »

Mme Saint-Germain a affirmé la semaine dernière que les Inuits sont détenus dans des conditions pires qu'au tiers monde.

Dans certains établissements, révèle son rapport, on entasse jusqu'à sept détenus dans une cellule de deux personnes. Les prisonniers dorment sur des matelas posés par terre, l'accès à l'eau est limité et les lieux sont insalubres. Certains sont filmés alors qu'ils vont aux toilettes.

Pour le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, ce rapport révèle que les Inuits sont victimes de « racisme systémique » lorsqu'ils ont affaire au système de justice et au système carcéral.

« On est préoccupés par les installations physiques, qui est un élément, clairement, sur lequel il faut travailler, a convenu Philippe Couillard. Mais au-delà de ça, c'est toute la qualité de la relation, la confiance qui doit exister entre les Première Nations inuites, les forces policières et le système judiciaire qui est en cause. C'est absolument prioritaire pour nous de le faire. »

La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, promet des mesures « bientôt » pour répondre aux problèmes soulevés par Mme Saint-Germain. Bien qu'elle n'adhère pas à l'opinion de M. Picard, elle convient que le cas des Inuits présente un défi particulier pour le système de la justice.

« Il y a une incompréhension, a-t-elle dit. Il y a un besoin de communiquer. Communiquer dans la langue, s'assurer que les Inuits comprennent. Et s'assurer aussi que le système comprend la réalité du milieu Inuit. C'est là-dessus qu'on planche. »

Le ministre des Affaires autochtones, Geoff Kelley, affirme que des correctifs sont déjà en place pour répondre aux problèmes soulevés par la protectrice du citoyen.

Il rappelle par ailleurs que l'amélioration des conditions des détenus n'est pas le seul chantier pour le gouvernement.

 « On essaie à la fois de protéger les victimes, parce qu'on a toujours le devoir de protéger les personnes, a-t-il dit. Mais s'il y a des alternatives, s'il y a des travaux qu'on peut faire dans la communauté, s'il y a des choses qu'on peut faire autre que toujours mettre quelqu'un toujours en prison, on va regarder ça. Mais on a toujours le devoir de protéger la population. »