Le procès de Richard Bain, accusé du meurtre prémédité du technicien de scène Denis Blanchette lors du rassemblement de victoire de la nouvelle première ministre péquiste Pauline Marois, au Métropolis, en 2012, a connu un nouveau report.

Le juge Guy Cournoyer, de la Cour supérieure, a accepté jeudi matin de reporter à la fin de mai 2016 le processus de sélection des jurés pour éviter de risquer qu'un verdict de culpabilité soit renversé en appel.

L'avocat de Richard Bain, Alan Guttman, a demandé ce délai parce qu'il s'est dit incapable de trouver un psychiatre pour procéder à une nouvelle évaluation de son client, entre autres parce que «la nature des faits de la cause font que plusieurs préfèrent ne pas être impliqués».

Me Guttman a dit avoir besoin de cette évaluation pour prouver que son client n'était pas criminellement responsable de ses actes la nuit de la fusillade, car il prenait alors des antidépresseurs qui ont plusieurs effets secondaires, dont des hallucinations et des changements en termes de personnalité.

«J'ai confiance (en cette défense), mais je ne suis pas un expert dans le domaine», a souligné l'avocat à la sortie de la salle d'audience, en assurant qu'il allait trouver un psychiatre familier avec ce type de médicament d'ici le début du procès.

«Vous avez affaire à une personne qui a 64 ans qui a travaillé toute sa vie, qui était un membre productif de la société, et puis, soudainement, cette tragédie survient, a-t-il poursuivi. Il y a des questions qui doivent être posées.»

Parmi ces questions figurent également celles des honoraires de Me Guttman. L'avocat a expliqué qu'il devait être rémunéré grâce aux fruits de la vente de l'une des propriétés de Richard Bain, mais que l'acheteur n'a pas encore payé son dû. Une audience préliminaire sur le sujet aura lieu le 10 septembre.

Richard Henry Bain est accusé d'avoir tué le technicien Denis Blanchette au Métropolis de Montréal, le 4 septembre 2012, lors de la soirée électorale du Parti québécois où Mme Marois célébrait sa victoire historique - elle devenait la première femme première ministre du Québec.

Bain fait aussi face à deux chefs de tentative de meurtre - sur le technicien David Courage, grièvement blessé par balles, et sur un policier vers qui l'accusé aurait pointé son arme, qui se serait cependant enrayée.

Il est aussi accusé de plusieurs chefs liés aux armes à feu.

Bain avait été rapidement arrêté après une courte chasse à l'homme tout près du Métropolis. Des images largement diffusées l'ont montré, escorté par les policiers, criant «les Anglais se réveillent!» et «c'est assez!».

Le procureur de la Couronne Dennis Galiatsatos a de son côté plaidé pour que le procès, qui a déjà été repoussé plusieurs fois, s'amorce en septembre comme prévu.

À sa sortie de la salle d'audience, Me Galiatsatos a affirmé qu'il y avait un risque que la mémoire des témoins oculaires commence à s'émousser après quatre ans et que «des détails soient perdus».

«Je ne dis pas que ce sera le cas avec nos témoins, mais c'est certainement une inquiétude que j'ai», a-t-il précisé.

Me Galiatsatos a aussi fait valoir que les délais peuvent donner l'impression aux victimes qu'elles sont «laissées pour compte». «Vous comprendrez que ces gens-là ont beaucoup de difficulté à comprendre et à accepter ce qui se passe», a-t-il souligné.

La sélection du jury doit donc commencer le 24 mai 2016 et la présentation des preuves environ une semaine plus tard. Le procureur Galiatsatos estime la durée de la présentation de la preuve de la Couronne à environ six semaines, en prenant compte du fait qu'une traduction sera nécessaire.