Suspendue de ses fonctions de bâtonnière, Lu Chan Khuong vient de recevoir l'appui de 75 avocats qui demandent au Barreau de faire enquête sur le processus ayant mené à la divulgation de la déjudiciarisation d'une plainte policière pour vol à l'étalage à son égard.

« Les avocats seront-ils désormais plus prudents avant de suggérer à leurs clients d'accepter la déjudiciarisation ? Combien de ceux qui se trouvent sur cette liste sont inquiets aujourd'hui ? », peut-on lire dans une lettre publiée aujourd'hui dans la section Débats de La Presse+.

Parmi les signataires, l'on retrouve notamment le fondateur de la Clinique Juripop, Me Marc-Antoine Cloutier, et les avocates de la défense Me Véronique Robert et Me Debora De Thomasis.

Selon le porte-parole du groupe, Me Jimmy Troeung, les avocats qui appuient aujourd'hui publiquement Me Khuong proviennent de tous les domaines de pratique. Leur regroupement est né, dit-il, de manière spontanée à la suite de commentaires sur les réseaux sociaux. 

« Nous étions plusieurs à être indignés en même temps de la situation, ç'a créé un effet boule de neige », dit Me Troeung.

Dans son numéro de mercredi, La Presse+ a révélé que la nouvelle bâtonnière du Québec, Me Lu Chan Khuong, avait fait l'objet d'une plainte policière pour vol à l'étalage chez Simons en avril 2014 et avait vu son dossier être traité en juin 2014 dans le programme de non-judiciarisation de certaines infractions criminelles commises par des adultes.

« DES CONSÉQUENCES SUR SA RÉPUTATION »

À la suite des révélations sur le dossier non judiciarisé de Me Khuong et de certains de ses commentaires sur le système de justice dans La Presse+, le conseil d'administration du Barreau du Québec, l'ordre professionnel des 25 000 avocats de la province, lui a demandé unanimement de démissionner et l'a ensuite suspendue.

« Plutôt que de remettre l'intégrité de la Bâtonnière du Québec en question, le C.A. du Barreau devrait plutôt demander au syndic de l'ordre d'enquêter sur le processus ayant mené à la divulgation de ces informations », peut-on lire dans la missive. 

« La protection de cette confidentialité tombe sous le sens. Le dévoilement de cette information confidentielle vient contrecarrer le but même de la mesure. La personne en question ne subit pas d'accusation menant à un procès, mais devra porter les conséquences sur sa réputation de ces allégations, sans pouvoir se défendre », poursuit la missive.

Me Khuong a catégoriquement nié avoir commis un vol et plaide l'erreur d'inattention. Elle a indiqué qu'elle contesterait sa suspension, qu'elle qualifie de « déraisonnable », devant les tribunaux.

Me Khuong, qui est avocate chez Bellemare Avocats à Québec et la conjointe de l'ex-ministre de la Justice Marc Bellemare, a été élue avec 63 % des voix le mois dernier devant Me Luc Deshaies, un avocat chez Gowlings à Montréal.