Les activités du palais de justice de Montréal ont été perturbées, jeudi matin à l'ouverture, lorsque les constables spéciaux affectés à la sécurité et au respect du décorum dans les salles d'audience se sont présentés en jeans.

Les juges leur ont aussitôt ordonné d'aller se changer et de revenir en portant l'uniforme réglementaire, invoquant justement le respect du décorum. Les constables, dont les uniformes réglementaires étaient sur place, se sont conformés sans hésiter et les activités ont pu reprendre avec une quinzaine de minutes de retard.

Leurs collègues qui patrouillent les corridors, qui s'étaient présentés vêtus de pantalons cargo colorés, ont conservé ce vêtement.

Le représentant du Syndicat des constables spéciaux, Jacques Daoust, s'est dit surpris de cette décision qui dénote un changement d'attitude de la magistrature, selon lui.

«La dernière fois en 2010-2011, les juges n'avaient rien dit, on les avait portés et ça ne s'est pas produit. Ce matin, ça s'est produit, mais faut comprendre que, depuis 2010, il y a beaucoup de nouveaux juges et les nouveaux juges sont beaucoup plus stricts», a-t-il dit.

Tout annonçait, cependant, que cette tolérance était chose du passé puisque, mercredi, les juges au palais de justice de Gatineau avaient intimé les constables spéciaux d'enlever un brassard de protestation avec lequel ils s'étaient présentés en Cour.

Le porte-parole syndical a déploré que les constables spéciaux, qui n'ont pas le droit de grève, aient été privés de ce rare moyen de visibilité de leur cause, alors que les négociations avec le gouvernement du Québec sont dans l'impasse.

«Il faut qu'il y ait un message qui passe, a plaidé M. Daoust. Il faut qu'il y ait de l'information qui sorte. La seule chose qu'on a, c'est le moyen de visibilité.»

Il a toutefois refusé de faire un lien avec l'indignation qui a été soulevée par le port du pantalon coloré lors des funérailles d'État de l'ex-premier ministre Jacques Parizeau, imputant davantage la décision à la volonté des juges d'assurer le décorum, une approche qu'il a dit très bien comprendre.