L'un des restaurateurs les plus en vue à Montréal est accusé de malversations et de harcèlement psychologique par son ancien chef cuisinier, qui a travaillé à ses côtés pendant presque 20 ans, jusqu'à l'été dernier.

Carlos Ferreira, notamment à la tête du Ferreira Café de la rue Peel, vient tout juste de subir un second revers dans la guérilla judiciaire qui l'oppose à Marino Tavares. Plus tôt en mai, la Cour d'appel a tranché sur un point technique du conflit. Plutôt que de déléguer la cause à un arbitre, comme le voulait M. Ferreira, le tribunal a renvoyé le restaurateur devant la Cour supérieure pour faire face aux allégations de son ex-chef.

M. Tavares tentera d'y convaincre un juge qu'il a été floué à plusieurs reprises dans sa relation avec Carlos Ferreira, notamment en tant qu'actionnaire minoritaire de leur entreprise commune.

Le chef cuisinier «adresse de multiples reproches» à M. Ferreira, résume la juge Guylène Beaugé dans sa décision de première instance. «Elles vont de son adhésion forcée à une convention d'actionnaires défavorable au harcèlement psychologique en emploi.» M. Tavares «allègue également la violation de ses droits d'auteur en lien avec la publication d'un livre [...] ainsi que son congédiement», ajoute la juge Beaugé.

Ses collègues de la Cour d'appel ajoutent que les reproches touchent des «malversations» alléguées de M. Ferreira ainsi que les «droits d'auteurs que Tavares prétend détenir sur les recettes» du Ferreira Café.

Les deux hommes travaillaient ensemble depuis l'ouverture du restaurant, dans les années 90, mais leur relation s'est détériorée avec les années jusqu'au départ du chef cuisinier l'été dernier.

Vendredi, La Presse s'est vu refuser l'accès au dossier physique qui contient le détail des reproches adressés, une ordonnance de confidentialité ayant été rendue dans la cause, selon une commis du palais de justice de Montréal.

M. Ferreira et son équipe ont refusé de commenter les allégations de M. Tavares. «Présentement, je ne peux rien avancer. La cause n'est pas entendue, donc on ne peut pas commenter», a fait valoir Marie-Noëlle Hamelin, chargée des communications du restaurateur. Mais «c'est certain que les deux ont des points de vue divergents. C'est certain que les deux ne s'entendent pas.»

En plus du Ferreira Café, Carlos Ferreira et ses entreprises possèdent le café Vasco de Gama, également rue Peel, et le restaurant portugais Taverne F, près de la Place des festivals. Au cours des dernières années, il a acquis un vignoble de 13 hectares dans le Douro, au Portugal, ainsi qu'une oliveraie.

Marino Tavares et ses avocats n'ont pas rappelé La Presse. Le chef cuisinier est maintenant à la tête du restaurant Mkt, rue Metcalfe.