Le juge Thierry Nadon rendu sa décision cet après-midi: Francis Boucher doit rester détenu puisque sa détention est nécessaire à la protection du public.

Francis Boucher: une série d'erreurs mène à sa libération

C'est une série d'erreurs administratives  qui a mené à la libération de Francis Boucher du Centre de détention de Montréal, a-t-on appris ce jeudi matin à l'enquête sur remise en liberté du fils de l'ancien chef des Hells Angels, Maurice Boucher.

L'enquêteure Sandra Pigeon de la Sûreté du Québec est venue décrire «l'erreur humaine» qui a permis au détenu de 40 ans de sortir de prison le 23 mars dernier.

Ce matin-là, un agent correctionnel basé à l'admission était «débordé», a décrit Mme Pigeon. Il devait préparer la sortie de 9 détenus et il venait d'avoir une «altercation physique» avec l'un d'eux. Or, c'est à ce moment-là qu'il reçoit l'appel de sa chef d'unité lui demandant d'en libérer un dixième : un certain Michel Stéphane Boucher.

Première erreur: la peine de ce Michel Stéphane Boucher avait été mal calculée. Il était donc urgent qu'il sorte de prison puisque sa détention était illégale.

«Il faut qu'il sorte le plus rapidement possible. C'est une détention illégale», a dit cette chef d'équipe à l'agent à l'admission.

Seconde erreur: cet agent retire la première carte d'un détenu nommé Boucher qui lui tombe sous la main dans son classeur. Or, ce n'est pas la carte de Michel Stéphane Boucher, mais celle de Francis Boucher.

Troisième erreur: lorsqu'il reçoit le dossier du détenu qui doit être libéré, soit Michel Stéphane Boucher, il oublie de le comparer avec la carte de Francis Boucher qu'il a en main.

«Compte tenu de l'empressement à libérer M. Boucher, l'agent admet avoir fait une erreur», explique Mme Pigeon.

Lorsque des agents vont chercher Francis Boucher dans le secteur G-5, ce dernier ne «semble pas au courant de sa libération», toujours selon l'enquêteur Pigeon.

À ce moment-là, Francis Boucher purge une peine de 117 jours de prison pour des menaces proférées contre des policiers et des non-respects de condition. Sa libération est donc prévue pour le 26 mai, soit trois mois plus tard.

À l'admission, Francis Boucher signe les formulaires de sortie avec son propre nom alors que c'est le nom l'autre Boucher qui y figure. Énième erreur administrative: un agent correctionnel contresigne le formulaire.

Francis Boucher prend ensuite les effets personnels qu'on lui remet qui appartiennent en fait à l'autre Boucher.

D'autres agents l'escortent ensuite vers une navette qui transporte tous les détenus qui sortent ce jour-là à l'extérieur des murs de l'établissement.

Avant de partir à pied sur le boulevard Gouin, Francis Boucher se retourne une dernière fois vers la prison en mimant un signe d'au revoir avec sa casquette.

Ce matin, l'avocat de Boucher, Dimitrios Strapatsas, a fait valoir que son client s'est rendu compte de l'erreur de la prison seulement deux jours plus tard. Il s'est d'ailleurs rendu aux autorités le lendemain accompagné de son avocat.

S'il est libéré, Francis Boucher affirme qu'il ira vivre avec son frère à Contrecoeur. Il dit qu'un emploi dans le domaine de la construction l'attend. Il a précisé qu'il n'avait pas beaucoup d'argent, mais qu'il n'avait «pas peur de travailler».

La poursuite, représentée par Me Éric de Champlain, s'oppose à ce que Francis Boucher retrouve sa liberté d'ici à son procès. La Couronne plaide que l'accusé est incapable de respecter des conditions du tribunal. Il a de nombreux antécédents judiciaires, notamment des bris de probation, a fait valoir le procureur.

Francis Boucher fait face à des accusations d'évasion, de liberté illégale et d'usurpation de personne.

Le juge Thierry Nadon a tranché cet après-midi: Francis Boucher doit rester détenu puisque sa détention est nécessaire à la protection du public.

Plus de détails à suivre.

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