Dans les derniers mois précédant son décès, le 3 février 2014, l'état de santé mentale de l'itinérant Alain Magloire était hautement préoccupant. Ayant une connaissance partielle de son dossier médical, aucun professionnel de la santé n'a cru bon sonner l'alarme. C'est ce que l'on a appris mercredi, lors de la reprise de l'enquête publique du coroner Me Luc Malouin sur les circonstances entourant la mort de M. Magloire, enquête qui se poursuit aujourd'hui.

Armé d'un marteau en pleine rue et refusant d'obéir aux ordres, Alain Magloire est tombé sous les balles d'un policier alors qu'il était en crise. Il avait été pris en chasse par des policiers après avoir fracassé la vitrine d'un hôtel où il séjournait. M. Magloire n'en était pas à ses premiers déboires. En 2012, il avait cassé la vitrine d'une caisse populaire. En novembre 2013, il avait refusé de payer un café dans un restaurant McDonald's.

Père de deux filles et chercheur en biochimie, Alain Magloire, 41 ans, a vu sa vie basculer au milieu des années 2000. La consommation de drogue aurait été le déclencheur de troubles de santé mentale. Il a été suivi en clinique de psychiatrie externe à l'hôpital Notre-Dame jusqu'en 2009, année où il a obtenu son congé. Il n'était pas guéri pour autant.

Jusqu'en 2014, Alain Magloire a consulté plusieurs ressources en santé mentale, révèlent les informations obtenues par le coroner. En 2011, il s'est notamment rendu aux urgences psychiatriques de l'hôpital Pierre-Boucher à Longueuil. En juin 2013, il a accepté de participer au Programme d'accompagnement justice-santé mentale (PAJ-SM) de la cour municipale de Montréal. En novembre 2013, il a visité les urgences psychiatriques de l'hôpital Sacré-Coeur et celles de l'hôpital Notre-Dame. Ce même mois, il a aussi été évalué par une infirmière de la Clinique d'itinérance du CSSS Jeanne-Mance. Pourtant, Alain Magloire ne faisait l'objet d'aucun suivi médical actif. Il ne prenait aucune médication.

«C'est aberrant»



Un meilleur suivi aurait-il pu prévenir l'escalade ayant mené à sa mort précipitée? «Il avait des antécédents psychiatriques, il y a eu plusieurs hospitalisations dans les mois précédant le décès et les crises se faisaient plus fréquentes. Personne n'a vu le problème dans sa globalité, c'est aberrant. Pourquoi est-ce si difficile de transmettre les informations? Il faut trouver des pistes de solution pour améliorer la fluidité des informations», a indiqué le coroner Malouin.

Directeur des services généraux et des programmes spécifiques du CSSS Jeanne-Mance, Jason Champagne a été entendu comme premier témoin de recommandation. Il a proposé de créer une unité de santé urbaine, porte d'entrée unique pour rejoindre les clientèles les plus vulnérables.