L'avocate Véronique Robert demandera cette semaine une révision de cautionnement de la décision du juge de la Cour municipale Denis Laberge, qui a ordonné le 17 avril la détention de l'étudiant Hamza Babou, toujours en attente de son procès.

«Oui, je vais déposer une requête en révision de cautionnement en Cour supérieure», a confirmé l'avocate, avec qui La Presse s'est entretenue hier. Le processus de révision est habituellement assez court; il se calcule en jours davantage qu'en semaines.

Le client de Me Robert, Hamza Babou, s'est vu refuser la remise en liberté au terme de son enquête sur cautionnement. Il fait face à 14 chefs d'accusation de voies de fait, agression armée, méfait, menace, attroupement illégal et harcèlement criminel. Le juge Laberge a estimé que la libération du militant, figure de proue du mouvement étudiant de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), minerait la confiance du public dans le système de justice.

Le magistrat a aussi reproché à Hamza Babou de ne pas avoir respecté l'injonction autorisant la tenue des cours à l'UQAM, ajoutant que «dans ce contexte», il avait «beaucoup de difficulté» à penser que le jeune homme respecterait d'éventuelles conditions de remise en liberté.

«L'opinion publique serait découragée [si je vous remettais en liberté]», a alors déclaré le juge.

En réaction, Me Robert a dénoncé un jugement qui lui semblait être de nature politique. «C'est clair qu'on a voulu en faire un exemple» dans le contexte de grève, a-t-elle déclaré.

Sa décision de déposer une requête en révision de cautionnement va dans le même sens: ce type de procédure est intenté lorsqu'on considère qu'un tribunal a commis un excès de compétence ou qu'il a rendu une décision irraisonnable, par exemple.

Soutien de Khadir et de Grey

Hier également - et de manière indépendante de Me Robert, ont-ils précisé -, le député solidaire Amir Khadir et l'expert en droit constitutionnel Julius Grey ont dénoncé la détention d'Hamza Babou, qu'ils ont qualifiée d'injustifiée.

«Nous voulons solliciter la parole des juristes, des associations de défense de droit et du public pour se demander si c'est comme ça, en démocratie, qu'on protège le droit des individus, le droit à la dissidence, à la grève», a résumé Amir Khadir.

L'incarcération dans l'attente d'un procès, a poursuivi Me Grey, est une solution ultime et rare.

«À moins de crimes très graves qui justifieraient des précautions absolues [...], on ne prive pas un accusé, qui est présumé innocent jusqu'à preuve du contraire, de sa liberté», a-t-il souligné.

Hamza Babou fait face à 14 chefs d'accusation, tous liés aux levées de cours houleuses survenues le 15 avril dans le pavillon J.-A.-DeSève de l'UQAM.

- Avec Caroline Touzin