L'ancien chef de Projet Montréal estime que son ancienne attachée politique était « incapable d'une analyse technique et qu'elle ne fonctionnait qu'à l'émotion ». C'est ce qu'a fait valoir à deux reprises Richard Bergeron devant le tribunal de la Commission des relations du travail (CRT).

Et ce n'était qu'une « mauvaise blague » quand il a dit à Militza Jean qu'il n'irait pas « voir les Polonaises parce qu'elles ont du poil sur les jambes », déclinant ainsi sa suggestion d'assister à une fête polonaise de Montréal, a-t-il relaté au sujet d'un autre événement.

La cause devant la CRT a repris, mardi, après 13 jours d'audiences tenus depuis l'automne dernier. Richard Bergeron, un conseiller devenu indépendant depuis les agissements reprochés, qui auraient eu lieu de 2009 à 2011, et son ancien directeur de cabinet, Joël Simard-Ménard, sont accusés de harcèlement psychologique à l'égard de Mme Militza. Le juge administratif Mario Chaumont a rappelé aux intimés que sa tâche consiste à déterminer si Projet Montréal a su « prévenir le harcèlement » et « ce qu'il a fait » pour y mettre fin.

Selon la preuve, qui a été jugée recevable par le tribunal, les problèmes ont commencé pour Militza Jean quand l'ancien chef de parti a nommé M. Simard-Ménard comme directeur de cabinet dans la foulée des élections de novembre 2009. Richard Bergeron a confirmé devant le juge que son directeur de cabinet était « mécontent » de l'embauche de l'attachée de presse d'origine haïtienne. « Il m'a dit : "On a énormément de talents." Il ne voyait pas comment il allait pouvoir l'embaucher avec tous les autres curriculum vitae. »

C'est finalement Richard Bergeron qui a tenu à l'embaucher personnellement. Mme Jean a obtenu un poste d'attachée politique et la nomination a été confirmée par communiqué.

« Tout bien considéré, elle n'a jamais été attachée », a-t-il témoigné hier.

Dans les faits, la dame a reçu quelques tâches, dont celle de gérer les courriels avec le flot d'invitations, notamment celle de la communauté polonaise. Dans les mois qui ont suivi l'élection, le chef du parti affirme qu'il a commencé à entendre « qu'elle n'était pas contente, mais par la bande ». Jusqu'au jour où, un peu avant Noël 2010, Mme Militza l'a alerté à deux reprises.

« M. Simard-Ménard est un gars assez direct, je n'étais pas surpris. Je lui ai dit d'être plus délicat. Il a répondu que c'était elle qui criait. Ensuite, je n'ai pas eu d'écho », a dit l'élu, qui croyait en l'harmonie au sein de son cabinet.

M. Bergeron a raconté au juge que, dans les mois précédant le congédiement de Mme Jean, juste avant Noël 2011, il a commencé à « perdre confiance » en elle à cause de la qualité de sa rédaction d'un mémoire touchant l'autoroute Bonaventure, mais que malgré tout, il « persistait à vouloir qu'elle trouve sa place ». Elle a reçu quelques mandats, dont un concernant la SHDM, puis un touchant des mesures d'apaisement de la circulation.

« Elle a pris la position du Syndicat des pompiers, qui était contre pour des raisons de sécurité, a raconté Richard Bergeron. Elle avait de la difficulté à comprendre l'enjeu, incapable d'analyse technique. Comment peut-on manquer à ce point de jugement ? Elle est complètement déconnectée », a-t-il encore déclaré à la CRT.

Militza Jean a été congédiée la veille de Noël, en 2011. Elle a porté plainte en janvier 2012. Elle réclame 25 000 $ en dommages moraux et des dommages punitifs pouvant atteindre 10 000 $. La mère de deux enfants a souffert de dépression et n'occupe plus d'emploi.