L'ex-entrepreneur en construction Gilles Théberge sera le premier témoin appelé à la barre par la poursuite à l'enquête préliminaire de l'ancien maire de Laval Gilles Vaillancourt et de ses 35 coaccusés.

M. Théberge, ex-directeur de Sintra qui collabore avec les autorités, commencera son témoignage demain au palais de justice de Laval.

À l'ouverture de l'enquête préliminaire découlant de l'opération «Honorer», hier, le tribunal s'est contenté de régler des détails techniques en prévision du véritable début jeudi.

M. Théberge a déjà témoigné à la commission Charbonneau. À l'époque, son témoignage a été rendu public. Or, la commission Charbonneau a récemment prononcé un interdit de publication sur ce même témoignage en prévision de l'enquête préliminaire.

Trente-six personnes, dont l'ex-maire Vaillancourt et l'entrepreneur en construction Tony Accurso, font face à des accusations de complot, de fraude et de corruption concernant un système présumé de collusion et de corruption dans l'attribution de contrats à Laval entre 1996 et 2010.

Trois d'entre eux - l'ancien maire de Laval, M. Vaillancourt, un ex-directeur général de la ville de Laval, Claude Deguise, et un ex-directeur de l'ingénierie municipale, Claude Asselin - sont également accusés de gangstérisme. Ils entendent contester cette grave accusation devant le tribunal.

Autre stratégie

Parmi le groupe, quatre accusés ont choisi une toute autre stratégie. Ils ont plutôt renoncé à la tenue de leur enquête préliminaire et ils doivent revenir en cour le 5 juin prochain pour la suite du processus judiciaire. Il s'agit de l'ancien vice-président de la firme de génie Dessau, Rosaire Sauriol, Normand Bédard, Daniel Lavallée et Laval Gagnon.

Hier, plusieurs accusés, dont Tony Accurso, ont demandé à la juge Marie-Suzanne Lauzon - et obtenu - d'être dispensés d'être présents à leur enquête préliminaire. Ils se feront représenter par avocat.

Dans les prochaines semaines, la Couronne compte faire entendre cinq témoins. En plus de M. Théberge, la poursuite appellera à la barre Marc Gendron, Roger Desbois, Jean Roberge et Gaétan Turbide.

«Avec ces cinq témoins, nous serons en mesure de faire la preuve [du bien-fondé] de l'ensemble des chefs d'accusation relativement à l'ensemble des accusés», a indiqué aux médias le procureur de la Couronne Richard Rougeau en marge de l'audience.

Hier, la plus grande salle du palais de justice de Laval où se tient l'enquête préliminaire était bondée. Avec 36 accusés et autant d'avocats, il ne restait qu'une poignée de sièges pour le public et les médias.

Les journalistes ont dû s'installer dans l'espace réservé aux jurés faute de places dans l'assistance. Ce palais ne dispose pas de «salle de débordement» comme à Montréal.

L'enquête préliminaire, présidée par la juge Marie-Suzanne Lauzon, doit durer huit semaines.

Rappelons que l'opération «Honorer» de l'Unité permanente anticorruption a mené à l'arrestation de 37 personnes en mai 2013 (l'accusé Robert Cloutier est mort depuis).