Un automobiliste autochtone interpellé par un policier qui lui aurait aussitôt demandé s'il « allait à un pow-wow » a réussi à faire annuler une contravention reçue par la même occasion.

Il roulait avec une plaque d'immatriculation non payée.

Un juge municipal du Haut-Saint-Laurent a déterminé que les droits constitutionnels de Keith Gordon avaient été violés par un patrouilleur de la Sûreté du Québec (SQ), il y a deux ans. La décision du magistrat Frank Schlesinger a été publiée avant les Fêtes.

Le policier « n'avait pas de motif précis pour demander au défendeur s'il venait d'Akwesasne ou s'il s'en allait à un pow-wow », a-t-il écrit.

M. Gordon avait un mois et demi de retard dans le paiement de ses frais d'immatriculation et a été intercepté à Saint-Anicet, très près du territoire ontarien. Il a affirmé être facilement reconnaissable comme autochtone, notamment parce qu'il porte ses cheveux attachés en catogan.

ARRÊTÉ EN RAISON DE SES ORIGINES

Selon lui, il a été intercepté par le policier en raison de ses origines. L'agent « le suspectait probablement de faire de la contrebande de tabac », a affirmé M. Gordon en cour. Il n'a pas été possible de le joindre.

Le policier impliqué, un agent de la Sûreté du Québec (SQ), a nié avoir évoqué un pow-wow en interrogeant l'automobiliste. Il a aussi mentionné qu'évoquer Akwesasne comme destination probable n'était « pas son style ». Il a dit avoir suivi l'automobiliste pendant quelques minutes, le temps de vérifier sa plaque, et que c'est à la suite de cette vérification qu'il a réalisé que M. Gordon était en infraction.

Le juge n'a pas retenu sa version des faits, optant pour celle de M. Gordon.

La SQ, elle, continue de soutenir son agent.

« La Sûreté du Québec considère que cette intervention était conforme et effectuée selon les règles », a indiqué Guy Lapointe, porte-parole du corps policier. « Des vérifications ont été effectuées et le policier a été rencontré par son gestionnaire. Ce policier a un dossier exemplaire et n'a jamais fait l'objet de plainte disciplinaire ou déontologique. »

M. Lapointe a tenu à ajouter que « le profilage racial n'est pas une pratique qui est tolérée à la Sûreté du Québec ». Il a invité M. Gordon à utiliser les recours à sa disposition « s'il se sent lésé ».