L'ex-policier Benoit Roberge purge depuis quelques semaines sa peine au Québec, a appris La Presse de plusieurs sources. L'ancien expert des motards de la police de Montréal, qui a été condamné à huit ans en mars 2014 pour avoir vendu des informations aux Hells Angels, a été transféré du pénitencier de Springhill en Nouvelle-Écosse, où il purgeait sa peine depuis sa condamnation, vers un pénitencier de la province peu avant les Fêtes.

C'est un secret de polichinelle que Roberge voulait purger sa peine au Québec, notamment pour se rapprocher de sa famille.

Fait à noter, alors qu'il avait été placé en protection au pénitencier de Springhill et que ses contacts avec les autres détenus et les heures de sortie de sa cellule étaient limités, Roberge côtoie maintenant la population carcérale ordinaire dans son nouveau pénitencier et n'est soumis à aucune mesure spéciale. Des sources ont confié à La Presse qu'au début de sa peine du moins, Roberge lisait la Bible, et s'était réfugié dans la résilience et la recherche du pardon.

Affaire retentissante

Benoit Roberge, acteur important de la lutte contre les motards criminels durant près de 15 ans, a plaidé coupable à des accusations de gangstérisme et d'abus de confiance. Selon certains éléments de preuve, il a vendu des informations sensibles, dont des noms de sources, et révélé la tenue d'une enquête à des membres des Hells Angels, en particulier René Charlebois.

Ce dernier s'est suicidé en septembre 2013 dans un chalet des îles de Sorel, quelques semaines après s'être évadé du pénitencier à sécurité minimum Montée Saint-François à Laval. C'est à la suite du suicide du motard que l'affaire Roberge a éclaté au grand jour. À partir au moins de 2012, Charlebois et Roberge ont eu plusieurs conversations téléphoniques que le motard a fait enregistrer par un tiers, à l'insu du policier.

Il semble que le motard ait voulu utiliser l'ex-policier. Charlebois a révélé à Roberge qu'il avait enregistré les conversations compromettantes. Ce dernier aurait répliqué en faisant circuler la rumeur voulant que Charlebois ait été un délateur.

Le fait que Roberge ait plaidé coupable fait toutefois en sorte que tous les éléments de cette retentissante affaire n'ont pas été rendus publics.

Roberge a été arrêté le 5 octobre 2013, après être tombé dans un piège tendu par les policiers, qui avaient été alertés par l'homme de confiance de René Charlebois après le suicide de ce dernier. L'annonce de son arrestation a provoqué une commotion dans les milieux policier, judiciaire, criminel et médiatique.

L'ancien policier aurait obtenu plus de 300 000 $ des Hells Angels pour ses informations. Au moment de son arrestation, il était retraité du Service de police de la Ville de Montréal et occupait le poste de responsable du renseignement à l'Agence du revenu du Québec.