La loi 101 a toujours sa raison d'être et le gouvernement du Québec est toujours légitimé de voir à la protection du français, a confirmé hier le juge Salvatore Mascia, de la Cour du Québec.

Dans une nouvelle fronde contre la Charte de la langue française menée par l'avocat montréalais Brent Tyler, des marchands anglophones contestaient les amendes reçues pour n'avoir pas respecté les règles d'affichage, notamment.

Pour obtenir gain de cause, les défendeurs devaient faire la preuve que la situation du français s'était à ce point améliorée depuis 1988 (année où la Cour suprême s'est prononcée sur la question) que des protections linguistiques n'avaient plus leur raison d'être.

Or, aux yeux du juge Mascia, cette preuve n'a pas été faite. «La langue française est encore trop fragile pour se développer sans l'aide du gouvernement québécois, écrit-il dans son jugement. Même si le français est la langue d'une majorité de Québécois, il est minoritaire en Amérique du Nord. Comparativement à l'anglais - la langue dominante sur le continent (et même dans le monde) - son pouvoir d'attraction est faible.»

La Charte de la langue française a bien réussi à protéger la langue, mais cela ne signifie pas qu'elle doive être victime de son propre succès et être mise à mal, a dit le juge.

L'avocat Brent Tyler, qui consacre une bonne partie de sa carrière à la croisade contre les lois linguistiques, a aussitôt annoncé qu'il allait faire appel de la décision et qu'il espérait bien que la cause aboutirait à la Cour suprême. 

À son avis, s'il est approprié de promouvoir la langue française, rien ne justifie que les droits humains d'anglophones soient violés.