Le sénateur canadien Mike Duffy poursuivi pour corruption dans une affaire impliquant également l'ancien chef de cabinet du premier ministre conservateur sera jugé à compter du 7 avril prochain, a annoncé mardi son avocat.

Le procès de Mike Duffy, 68 ans, nommé fin 2008 sénateur par le premier ministre Stephen Harper et suspendu de traitement l'automne dernier, durera jusqu'au 19 juin, a dit son avocat, Donald Bayne, à la presse à l'issue d'une brève comparution au tribunal d'Ottawa.

M. Duffy, qui a travaillé pour le groupe audiovisuel public canadien CBC, a été inculpé de corruption de fonctionnaire, fraude et abus de confiance. «Nous sommes confiants dans le fait que les preuves vont démontrer que le sénateur Duffy est innocent de ces accusations», a déclaré Me Bayne.

Mais le calendrier du procès fait craindre des révélations gênantes en amont de la campagne du parti conservateur, actuellement au pouvoir, pour les élections législatives attendues en octobre 2015.

Le sénateur a «de manière directe» obtenu «de l'argent jusqu'à concurrence de 90 000 dollars de la part de Nigel Wright», l'ancien chef de cabinet de Stephen Harper, selon l'enquête de la police fédérale.

Un chèque libellé de la main de Nigel Wright était destiné à rembourser des frais de résidence indûment perçus. Le chef du gouvernement canadien a toujours soutenu n'avoir jamais été informé des intentions de son bras droit.

En raison d'une santé fragile, M. Duffy souhaitait un procès rapide. Il entend révéler ce qu'il avait appelé un «scandale monstre» pour les Canadiens fin 2013 quand ses pairs cherchaient à l'exclure du Sénat, comme deux autres de ses collègues conservateurs, Patrick Brazeau et Pamela Wallin.

Le procès pourrait entacher le bilan des conservateurs et celui du premier ministre au pouvoir depuis 2006. Rien ne s'oppose à une nouvelle candidature de Stephen Harper, mais ses adversaires, Justin Trudeau pour le Parti libéral, et Thomas Mulcair pour le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), pourraient profiter de ce procès pour gagner des suffrages.