Lorsqu'il a lu dans le journal un reportage le présentant comme un possible «agent de renseignement iranien», en janvier, l'homme d'affaires Arian Azarbar a été «choqué» et «atterré». Il poursuit maintenant la Ville de Montréal pour avoir vraisemblablement «coulé» un rapport d'enquête qui contenait ces allégations «non fondées».

Dans une requête datée du 24 juillet, Arian Azarbar réclame 220 000$ à la Ville de Montréal. Il croit que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) est responsable d'une fuite d'informations qui a nui à sa réputation, qui a violé sa vie privée et qui lui a causé des dommages moraux.

Le 30 janvier, Le Journal de Montréal a publié un dossier sur le policier Philippe Paul, de la Division du crime organisé du SPVM. Ce sergent-détective faisait alors l'objet d'une enquête interne. Son employeur avait reçu des signalements de confrères qui s'inquiétaient de la nature de ses liens avec certains informateurs.

L'équipe du Journal de Montréal avait obtenu un rapport du SPVM daté d'avril 2013. Ce rapport indiquait qu'une source de la Gendarmerie royale du Canada aurait communiqué des informations compromettantes sur Philippe Paul. Selon cette source, le sergent-détective Paul aurait fourni de l'information à Arian Azarbar. Cette même source aurait mentionné que la personne à qui Philippe Paul communiquerait des informations serait «un agent de renseignement iranien qui fournit de l'information du Canada à son pays d'origine».

Arian Azarbar, qui nie catégoriquement ces allégations, se dit «victime d'une campagne visant à discréditer les gestes présumément discutables de Philippe Paul, un policier avec qui il entretenait des liens amicaux», peut-on lire dans sa requête. L'homme d'affaires de 34 ans soutient avoir eu de la difficulté à dormir, avoir été embarrassé et humilié. Il dit aussi avoir souffert d'angoisse et de peur lorsque la police lui a dit, quelques mois plus tard, que sa vie était en danger.

Le cabinet Grey Casgrain, qui le représente, a choisi de ne pas poursuivre Le Journal de Montréal. «N'importe quel journaliste qui aurait obtenu un tel rapport aurait publié un article, estime Me Julius Grey. La faute revient à celui qui a déclenché cette rumeur. À notre avis, c'est la police qui a révélé cette information confidentielle, qui n'était pas vraie.»

Des suites

Dans les semaines qui ont suivi, Arian Azarbar a fait l'objet d'autres reportages dans les médias. En février, La Presse a révélé qu'une enquêteuse principale d'une équipe mixte sur la sécurité nationale avait été suspendue parce qu'elle était soupçonnée d'avoir entretenu une liaison amoureuse avec Arian Azarbar. Cette femme, une employée de Passeports Canada, aurait été chargée d'enquêter sur lui alors qu'il était impliqué dans des projets de développement immobilier au Venezuela. Les allers-retours de l'homme d'affaires d'origine iranienne entre le Canada et le Venezuela auraient attiré l'attention des autorités canadiennes.

Pour sa part, Philippe Paul a été suspendu sans solde au mois d'avril. Il a pris sa retraite quelques jours plus tard. Fin avril, La Presse a relevé que l'ex-star du SPVM travaillait à la rédaction d'un livre autobiographique. Il a dit avoir été victime de calomnies pour «camoufler la vérité sur la corruption et le crime organisé».

Soulignons qu'aucune accusation n'a été portée contre Arian Azarbar et Philippe Paul dans cette affaire.