Un policier de la Sûreté du Québec qui s'abstient habituellement de donner des contraventions aux policiers retraités, avocats et juges a fait une exception pour un ancien collègue, à qui il a remis deux constats. Il en a subi les conséquences devant le Comité de déontologie policière, qui a jugé ces constats injustifiés parce que «dictés par un comportement de vengeance».

L'agent Guy Bélanger est loin d'avoir un dossier vierge. Il a reçu six jours de suspension en mai pour avoir intercepté un automobiliste de façon «inadéquate» en pointant son arme sur lui. Quelques mois plus tôt, en janvier, son employeur et lui ont été condamnés par la Cour supérieure à verser 20 000$ à une femme se disant traumatisée depuis que le policier aurait pointé son arme sur elle et atteint son chien d'une balle à la tête.

Le Comité de déontologie a tenu compte du passé de l'agent et de sa «discrétion» envers ses collègues policiers pour déclarer, le 14 juillet dernier, que le policier Bélanger avait enfreint son code de déontologie. Il recevra sa sanction prochainement.

Route 117



Le jugement porte sur des événements survenus le 14 juillet 2012. Un ancien collègue de Guy Bélanger, le policier à la retraite Pierre Ratelle, aurait conduit lentement sur la route 117 afin de créer un corridor de sécurité pour un groupe de cyclistes qui avançaient dans l'accotement. Au moment où il aurait emprunté la voie de gauche pour finalement les dépasser, une voiture de police semi-identifiée (sans gyrophares) serait passée entre lui et les cyclistes, à 110 km/h selon lui.

Plus tard, en arrivant à la maison, l'ex-policier aurait trouvé deux constats d'infraction, pour avoir utilisé un cellulaire au volant et roulé dans la voie de gauche. Ils auraient été signés par l'agent Bélanger, qui aurait confirmé du même coup une «vengeance», un «marchandage de justice», selon le Comité de déontologie policière.

C'est que l'ancien policier n'aurait pas apprécié le geste de son jeune collègue. Il a appelé le superviseur de Guy Bélanger. Ce dernier, qui n'aurait pas apprécié cette intrusion, aurait voulu marchander avec l'ex-policier, qui aurait quant à lui refusé de lui parler. «C'est alors que l'intimé [Guy Bélanger], après avoir réfléchi, [aurait décidé] de signifier deux constats» à M. Ratelle, a noté le Comité.