Est-il possible de réintégrer dans la société un vieux criminel qui a passé toute sa vie adulte «en dedans» pour une série de crimes graves, dont le meurtre d'un directeur de prison?

Gérald Gauthier, qui est incarcéré depuis 45 ans à l'exception de quelques périodes d'évasion, veut obtenir sa libération conditionnelle totale.

Or, la Commission des libérations conditionnelles du Canada vient de lui répondre qu'il ne doit pas brûler d'étapes.

«Votre retour en communauté représente tout un défi», ont écrit les commissaires dans une décision rendue le 2 mai dernier, refusant du même coup de lui accorder sa libération.

Le meurtrier de 68 ans doit être transféré dans une prison à sécurité minimum avant de penser à recouvrer sa liberté, ont tranché les commissaires.

Abattu froidement

À la fin des années 70, Gauthier purge une peine de six ans pour une série de vols qualifiés lorsqu'il s'évade du pénitencier Archambault à Sainte-Anne-des-Plaines. Quelques mois plus tard, en février 1978, il se présente avec des complices au domicile du directeur de la prison, Michel Roy. Celui-ci n'a aucune chance. Il est abattu de sept balles dans la tête.

«L'information au dossier indique que ce délit aurait été motivé par un désir de vengeance, parce que ce directeur avait retiré des privilèges aux détenus. L'objectif aurait été de démontrer ainsi une solidarité envers les détenus incarcérés», soulignent les commissaires. Gauthier est condamné pour le meurtre prémédité du directeur du pénitencier et se voit imposer une peine à perpétuité.

De retour derrière les barreaux, Gauthier récidive en 1985 alors qu'il obstrue la vue aux gardiens pendant qu'un détenu en étrangle un autre. Ce n'est pas tout. Il tente lui-même d'étrangler un codétenu avec un fil de fer jusqu'à ce qu'il le croie mort. Une condamnation pour homicide involontaire et une autre pour tentative de meurtre s'ajoutent au tableau.

Les commissaires parlent d'un parcours carcéral «tumultueux». Gauthier a fait partie de la bande de motards des Bandidos, pour laquelle il a vendu de la drogue. Il a fait plusieurs tentatives d'évasion; sa dernière remonte à 1998.

«Accalmie»

Depuis 2000, les commissaires notent une «accalmie». Gauthier assure qu'il a eu une prise de conscience après avoir appris que la fille d'une de ses victimes était incarcérée.

Dans une scène qui fait penser à la populaire série Unité 9, l'aumônier de la prison s'est présenté à l'audience de libération de Gauthier pour lui apporter son soutien.

Lors de son audience, Gauthier a exprimé des émotions et des sentiments qui «apparaissent sincères», disent les commissaires. «Cependant, la Commission ne perd pas de vue votre lourd et long passé de violence commis de façon répétée et utilitaire», ont-ils affirmé.

Gérald Gauthier ne peut pas faire de nouvelle demande avant deux ans, soit en mai 2016.