L'ex-entrepreneur Paul Sauvé, l'un des premiers à avoir dénoncé l'«industrie de la corruption», accuse la Couronne de vouloir absolument gagner les procès qui découlent de l'opération Diligence, «peut-être au détriment de la vérité».

Le ministère public «ignore plusieurs déclarations qui pourraient mettre fin au procès immédiatement», affirme-t-il. M. Sauvé, appelé à témoigner dans ces procédures, assure que sa vie est en suspens depuis le début des procès.

La semaine dernière, l'ex-entrepreneur a annoncé une poursuite de 5 millions en dommages contre le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). «Par la conduite et le comportement injustifiés et inappropriés de ses représentants», le ministère public lui «a causé un tort substantiel», a-t-il alors fait valoir.

Hier, l'ex-entrepreneur a répondu aux questions de La Presse.

Il s'est décrit comme «pris dans ce dossier depuis plus de six ans», dont «trois ans de subpoenas, impossibilité de retravailler, de recommencer sa vie». «La santé en souffre et les finances sont à zéro», a-t-il ajouté.

Diligence est une opération de la Sûreté du Québec (SQ) qui visait à faire la lumière sur l'infiltration du crime organisé dans l'économie légale. Ce faisant, les policiers ont découvert des liens surprenants avec le monde syndical et politique.

«Informations disculpatoires»

Au milieu des années 2000, Paul Sauvé possédait une entreprise de maçonnerie. Sa firme a été prise d'assaut par des membres du crime organisé, qui s'en servaient comme machine à blanchir l'argent. Diligence s'est notamment penchée sur cette situation.

À présent, l'opération policière s'est transformée en procès. Le Hells Angel Normand Casper Ouimet est dans le box des accusés avec une dizaine d'autres individus.

L'homme affirme «collaborer pleinement avec la SQ et le DPCP» depuis le début de l'enquête, en 2006, notamment en donnant «de l'information complémentaire très importante à l'enquête».

Malheureusement, dit-il, «plusieurs éléments de ces informations ont été ignorés par le DPCP». Dans son communiqué de presse de vendredi, il évoque des «informations disculpatoires» pour certains accusés et des «faits importants».

Par l'entremise de son attaché de presse, Paul Sauvé affirme aussi qu'il ne peut aborder directement la nature de ces informations en raison d'ordonnances de non-publication. Paul Sauvé se dit «muselé dans le cadre du procès».