Exaspérés de ne jamais savoir sur quel pied danser lorsqu'ils interviennent à l'intérieur des établissements, les 2500 gardiens de prison du Québec amorcent aujourd'hui une série d'actions de visibilité pour obtenir un encadrement éthique et juridique.

«Nous sommes régis par les mêmes règles d'éthique que les autres fonctionnaires du Québec pour un travail totalement différent. Souvent, nos membres ont peur d'intervenir en se disant qu'ils vont se faire poursuivre. Actuellement, la façon de traiter une plainte est disparate d'une prison à l'autre. Il nous faut des règles claires, propres à nous, un mécanisme déontologique et un soutien juridique», explique le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, Stéphane Lemaire.

Chaque année, des dizaines d'incidents impliquant les agents et les détenus surviennent dans les 17 prisons québécoises. Deux ou trois d'entre eux sont plus graves, évalue M. Lemaire.

Concrètement, le syndicat souhaite la nomination d'un commissaire ou la création d'un comité indépendant, un peu semblable au comité de déontologie policière, pour analyser et filtrer les plaintes. Il exige également des règles définies pour les agents correctionnels, des mesures disciplinaires et administratives claires et un encadrement juridique soutenu par l'employeur.

«Il faut définir c'est quoi un écart de conduite. C'est rendu que l'on se sent coupable pour n'importe quoi. Nous voulons un appui juridique. Lorsque nous sommes poursuivis dans l'exercice de notre fonction, nous voulons être protégés», dit-il.

Lettre morte

Cette demande syndicale avait fait l'objet des négociations de la dernière convention collective, mais le dossier n'a pas avancé depuis, déplore le chef syndical. «Depuis 2011, cela fait cinq fois que l'on remplace les gens assis devant nous à la table des discussions», indique M. Lemaire.

Ce dernier a envoyé une lettre au ministre québécois de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, la semaine dernière.

«La situation ne peut plus durer. Actuellement, les administrateurs des prisons ne savent pas comment réagir. Et ce n'est pas une affaire de gros sous, c'est une question de structure», conclut le chef syndical.