L'émeute du 4 mai 2012 à Victoriaville aurait-elle pu être évitée? C'est la principale question qui s'est posée hier à la Commission chargée de faire la lumière sur les dérapages survenus pendant la crise étudiante de 2012.

Avant l'émeute du 4 mai, il y avait eu cette autre manifestation très violente au Palais des congrès, le 21 avril, à Montréal. La Sûreté du Québec jugeait que le Conseil général du Parti libéral du Québec à Victoriaville posait «un risque élevé". Et le lendemain, le 5 mai, tout s'est plutôt bien passé. Pourquoi la police n'a-t-elle rien vu venir, le 4 mai?, a demandé en substance la commissaire Claudette Carbonneau.

En réponse à cette question, Mario Laprise, le directeur de la Sûreté du Québec, a souligné que le premier jour, il y avait plus de 2000 manifestants et le lendemain, à peine 500 personnes. Au surplus, le 5 mai, «on a rapidement intercepté les gens problématiques», à savoir les casseurs. Mais surtout, la Sûreté du Québec tablait sur le fait qu'«un caucus libéral s'était tenu au même endroit du 8 au 10 février et s'était bien passé".

Simon Harvey, qui était vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, a donné, lui, une autre explication. Le 4 mai, a-t-il dit, la Sûreté du Québec semblait extrêmement mal préparée. Il était très facile de voir des gens se changer pour enfiler vêtements noirs et cagoules, des personnes que les agents de la Sûreté du Québec «auraient facilement pu identifier comme des casseurs» s'ils s'étaient donné la peine de les suivre.

D'ailleurs, quand la manifestation s'est mise en branle, «il n'y avait pas de cortège policier qui nous suivait», a dit M. Harvey, qui n'a pas caché être toujours très ébranlé par cette presque «guerre civile» qu'il a vécue ce jour-là.

Mario Laprise a rappelé, lui, que l'émeute de Victoriaville «a été l'un des seuls événements où une manifestation a tourné à l'émeute» pendant la crise étudiante et que cette manifestation «a été la plus violente depuis le Sommet des Amériques en 2001».

Oui, la Sûreté du Québec entend apporter des ajustements, comme elle dit l'avoir d'ailleurs fait du 4 au 5 mai. Les haut-parleurs traditionnels des policiers qui n'arrivent plus à couvrir le bruit de manifestations seront sûrement remplacés par des outils technologiques plus puissants. On cherchera aussi assurément à identifier les casseurs plus rapidement dans le futur.

En ce qui concerne la technique de l'encerclement utilisée au Service de police de la Ville de Montréal - qui consiste à prendre les manifestants en sourcière et entraîne des arrestations de masse -, la SQ ne l'utilise pas, a précisé M. Laprise.

Elle privilégie plutôt la mise en place d'un périmètre dont on ne peut sortir tant que les arrestations de personnes très ciblées ne sont pas terminées.

Depuis le début de la semaine, cette technique d'encerclement ou de souricière semble faire sourciller tout particulièrement Serge Ménard, président de la Commission.

Ceci dit, M. Laprise a admis avoir intercepté et retenu des autobus entiers d'étudiants. Une fois relâchés, les étudiants à bord ont-ils été obligés de rentrer illico à Montréal, alors qu'ils auraient dû à ce moment-là avoir recouvré leur totale liberté? À cette question, M. Laprise a dit ne pas être en mesure de répondre.