Le juge Yves Paradis, de la Cour du Québec, a poliment, mais fermement sermonné l'un des responsables des transports de prévenus mercredi, après que des accusés sont arrivés au Palais de justice de Montréal avec plus d'une heure et demie de retard durant deux journées consécutives.

Ces accusés sont Alain Charron, Louis Nagy et Robert Bryant, de présumés importateurs de stupéfiants arrêtés récemment dans une opération de la Gendarmerie Royale du Canada baptisée Célibataire qui subissent leur enquête sur remise en liberté depuis le début de la semaine.

Après avoir fait des remarques à la première journée d'audience mardi qui n'ont pas permis de redresser la situation le lendemain, le magistrat a convoqué le responsable du Service des transports des comparutions.

«C'est rendu systématique. J'oserais même dire systémique. C'en est même rendu à mon avis à nuire à l'image du système judiciaire. On se plaint à Montréal que les causes sont reportées dans des délais qui sont considérables, mais si on calcule chaque jour le temps perdu à la détention, on peut y voir là certainement une source des délais», a déclaré le juge Paradis.

Visiblement mal à l'aise, le directeur adjoint, Michel Richard, a expliqué qu'il y a actuellement 120 détenus de trop au Centre de prévention Rivière-des-Prairies, tellement que certains d'entre eux couchent sur le sol à l'admission, ce qui, le matin venu, retarde le départ des quatre fourgons affectés au transport des accusés qui doivent comparaître au palais de justice de Montréal.

«La surpopulation est un gros problème actuellement sur l'île de Montréal, à RDP particulièrement. Quand c'est rendu jusqu'à coucher à l'admission, ça nous enlève des places pour notre transport le matin. Aujourd'hui, j'ai une grosse journée de transport. C'est au-delà de 80 détenus qui vont venir de RDP», a répliqué M. Richard.

«Cette surpopulation qui est quotidienne devrait être connue de vos supérieurs. Ils devraient faire en sorte que vous ayez le personnel adéquat. Mais ils ne font pas pour des raisons budgétaires qui leur sont propres. Mais moi, je n'ai pas à considérer ces raisons-là», a conclu le magistrat.

Malgré les remontrances du juge Paradis, les accusés se sont présentés dans la salle d'audience avec environ trois quarts d'heure de retard hier. L'enquête sur cautionnement devait durer trois jours, mais en raison de ces retards, elle se poursuit aujourd'hui.