Programmer des procès pénaux dans les locaux du Tribunal de la jeunesse : c'est la dernière solution en date mise en place par le système de justice afin de réduire les délais de traitement et de sauver des procès menacés par l'arrêt Jordan.

Depuis cette décision de la Cour suprême du Canada, rendue l'été dernier, plusieurs accusés ont été complètement libérés parce qu'ils ont attendu depuis trop longtemps avant de subir leur procès. D'autres espèrent l'être prochainement. Le ministère de la Justice, la magistrature et la Couronne tentent d'endiguer le problème.

« Il sera dorénavant possible de tenir des audiences » pénales dans « certaines salles dans l'immeuble dédié à la Chambre de la jeunesse », a confirmé par courriel Caroline St-Pierre, porte-parole et responsable des communications pour les tribunaux du Québec.

« Pour l'instant un dossier est fixé et un autre le sera bientôt. Donc, à l'heure actuelle deux causes » font l'objet d'une telle délocalisation, a expliqué Mme St-Pierre.

À Montréal, les procès pénaux se tiennent habituellement au palais de justice, rue Notre-Dame. Le Tribunal de la jeunesse est situé dans Rosemont-La Petite-Patrie, rue de Bellechasse.

« MINIMISER L'IMPACT »

Du côté des tribunaux, on assure que les mineurs qui subissent leur procès ou qui font l'objet d'une requête en lien avec la protection de la jeunesse ne seront pas dérangés par ces nouveaux voisins.

Caroline St-Pierre a affirmé que tous les efforts seront faits pour « minimiser l'impact sur la clientèle habituelle de ces lieux ». 

« Le respect des besoins de la Chambre de la jeunesse est la priorité dans toutes les décisions prises. »

Me Christian Desrosiers est l'un des avocats qui ont vu un dossier pénal être programmé au Tribunal de la jeunesse, au mois de février prochain. Il s'agit d'une cause où l'Autorité des marchés financiers est la poursuivante.

« C'est une première, a-t-il dit en entrevue téléphonique. Ce n'est pas un gros problème pour moi. »

Me Desrosiers a rapporté que certains de ses collègues avaient vu leur dossier être programmé au Centre judiciaire Gouin, qui a été bâti pour accueillir les mégaprocès des Hells Angels dans la foulée de l'opération Printemps 2001 et qui a coûté 16,5 millions.