Un homme d'origine pakistanaise soupçonné d'avoir planifié une attaque terroriste à Toronto a choisi de mettre fin à son témoignage même s'il pourrait faire face à des accusations criminelles en prenant cette décision.

Jahanzeb Malik, un résident permanent au Canada menacé de déportation, pourrait écoper d'une amende de 100 000 $ ou d'une peine de cinq ans de prison en vertu de cette décision.

Il a déclaré lors de son audience devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada qu'il refusait de répondre à «toutes questions».

Le président de la séance Andrew Laut l'a prévenu qu'il pourrait en subir des conséquences.

L'homme de 34 ans témoignait par visioconférence du centre de détention de Lindsay, en Ontario, en réponse aux questions de John Oliveira, de l'Agence des services frontaliers du Canada.

Au début de son audience, Malik a expliqué qu'il s'était rendu en Libye il y a deux ans simplement pour enseigner l'anglais langue seconde. Il a précisé qu'il était allé parce qu'il s'agissait d'une «possibilité de travail» qui lui permettrait de gagner de l'argent.

Il a ajouté qu'il avait passé deux mois en Libye, à Benghazi, avant de se rendre au Pakistan pour visiter ses parents. Il a dit avoir perdu toutes ses photos de Libye lorsqu'il a échappé son téléphone cellulaire.

Me Oliveira l'a aussi interrogé sur ses croyances religieuses. Il lui a demandé à quelle secte musulmane il appartenait.

«Je ne crois pas aux sectes. Je suis un simple musulman. Je ne suis pas un expert en religion», a-t-il indiqué, ajoutant qu'il ne savait pas s'il se définirait comme un «musulman pratiquant».

Il est aussi resté mystérieux sur des messages qu'il aurait écrits sur ses nombreux comptes Facebook et Twitter, qui auraient été piratés ou fermés pour des raisons qu'il ignore.

Il a dû s'expliquer notamment sur un micromessage dans lequel il insultait les chiites. Il s'est défendu en disant qu'il ne voulait pas blâmer tous les chiites, mais qu'il n'approuvait pas les meurtres au nom d'une secte. «Ce sont eux qui ont commis ces atrocités. Il y a un contexte», a-t-il souligné.

L'Agence des services frontaliers du Canada veut déporter l'homme de 34 ans, qu'elle accuse d'avoir préparé un attentat contre le consulat américain et plusieurs autres édifices du secteur financier de Toronto. Elle lui reproche aussi d'avoir recruté et radicalisé d'autres musulmans pour qu'ils commettent des actes terroristes.

Les preuves du gouvernement fédéral reposent sur le travail d'un agent d'infiltration de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui s'était fait ami avec l'entrepreneur de revêtement de sol.

Le policier, dont l'identité ne peut être révélée en raison d'une ordonnance de non-publication, n'a pas encore témoigné.

Selon l'avocat de Malik, les règles de la preuve sont beaucoup moins contraignantes que dans un procès criminel.

Anser Farooq s'est opposé à ce que le gouvernement dépose quelque 400 pages de notes qu'aurait prises l'agent d'infiltration parce qu'il ne dispose pas des enregistrements audio de la GRC, et qu'il ne pourrait pas vérifier la véracité des documents écrits.

«M. Malik est dans un tribunal où il a les mains liées, au sens littéraire et figuré», a affirmé Me Farooq.

Andrew Laut a toutefois réfuté l'argument de son avocat, qui sera en mesure de questionner le policier pour examiner la preuve, a-t-il rappelé.

Malik, un père de deux enfants, s'est établi au Canada en 2004 pour étudier les mathématiques à l'université York. Il a acquis sa résidence permanente en 2009.

Mardi, le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney a déposé un nouveau projet de loi visant à déporter plus facilement les criminels étrangers.