Malgré les multiples campagnes de sensibilisation, plus d'un Québécois sur deux admet encore aujourd'hui qu'il lui arrive de prendre le volant après avoir consommé de l'alcool, révèle un sondage mené par la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), que La Presse a obtenu.

Précisément, 53% des automobilistes ont avoué avoir conduit après avoir pris au moins une consommation durant la dernière année. Ce chiffre est en continuité avec les statistiques de 2013, mais c'est une hausse par rapport aux années précédentes.

Dans 18% des cas, les conducteurs ont affirmé avoir bu deux verres ou plus dans l'heure précédant leur départ en auto, et 6% avouent avoir enfilé au moins cinq consommations avant de prendre le volant.

«Il y a encore des gains à faire en termes de sensibilisation et de changements de comportement», admet la Société dans le document d'analyse du sondage, mené auprès de 1185 adultes et dont le but était justement de mesurer l'effet de la plus récente campagne de sensibilisation.

Selon la SAAQ, les gens dont le revenu familial dépasse 75 000$, les titulaires d'un diplôme universitaire, les hommes et les automobilistes qui ont agi à titre de chauffeurs désignés sont les plus nombreux à avoir pris un ou deux verres avant de conduire.

Chez ceux qui avouent avoir bu plus de cinq consommations, on trouve surtout des jeunes de 25 à 35 ans (15%), des gens qui ont un revenu familial de plus de 100 000$ par année (11%), des hommes (9%) et des francophones (8%).

Inexcusable

Même s'ils sont nombreux à mélanger alcool et conduite, les Québécois sont presque unanimes: selon 98% d'entre eux, il n'y a pas d'excuse pour conduire avec les facultés affaiblies.

Comment expliquer, alors, l'écart entre leurs valeurs et leur comportement sur la route?

Selon le sondage, c'est que la notion de facultés affaiblies fait l'objet d'interprétations variées.

Selon la loi, il est interdit de conduire si le taux d'alcoolémie dépasse 80 mg d'alcool par 100 ml de sang (0,08). Mais la SAAQ est formelle: «Vous pouvez représenter un danger sur la route en bas de 80 mg d'alcool par 100 ml de sang (0,08). Plusieurs autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte (fatigue, drogue, médicament, stress, maladie). Vous pouvez même être arrêté avec un taux d'alcool inférieur à 0,08.»

Dans la population, toutefois, le tiers des automobilistes estiment que ce n'est qu'à partir du seuil de 0,08 que la capacité de conduire de manière sécuritaire est diminuée. Huit pour cent croient qu'il faut dépasser cette marque, et un sur dix dit ne pas savoir à partir de quel taux d'alcool la conduite devient risquée.

La même confusion existe quant au nombre de consommations qu'une personne peut boire avant que son taux d'alcool ne dépasse 0,08.

Si certains automobilistes sous-estiment la quantité d'alcool qu'ils peuvent avaler, d'autres continuent de la surestimer grandement.

Une proportion importante (17% des femmes) n'en a aucune idée.

- Avec la collaboration de William Leclerc