Après avoir écrasé son ex-amie de coeur avec sa voiture, et ce deux fois plutôt qu'une, Mario Romain l'aurait jetée tête première dans un puisard de la carrière Miron, où elle allait être découverte six jours plus tard, le 22 mai 2010. C'est ce que le ministère public tentera de prouver au procès de Mario Romain, qui s'est ouvert lundi, à Montréal.

L'homme de 30 ans est accusé du meurtre prémédité de Cinthia Toussaint, morte à 23 ans en mai 2010. Pour éclairer les sept hommes et cinq femmes du jury, le procureur de la Couronne a fait un résumé de la preuve qu'il entend présenter au cours des prochaines semaines. L'accusé, qui clame son innocence, est représenté par Me Martin Latour.

Selon le récit de Me Dagenais, Mario Romain et Cinthia Toussaint se fréquentaient depuis plus de cinq ans, n'avaient jamais vécu ensemble, mais avaient un fils de trois ans. Le petit vivait avec sa mère (Mme Toussaint) sa grand-mère et sa tante, tandis que M. Romain vivait avec sa propre mère.

Des hauts et des bas

La relation de couple connaissait des hauts et des bas. En janvier 2010, ils étaient en phase d'éloignement, a fait valoir Me Dagenais. Chacun s'était fait un autre ami de coeur, et il y avait du «tiraillage» pour la pension alimentaire. 

En mars 2010, Mme Toussaint a entrepris des procédures en Cour, pour réclamer une pension alimentaire. La Cour supérieure a statué que M. Romain devrait payer 400 $ par mois à Mme Toussaint, pour la pension du petit. Le même mois, le couple s'est reformé à nouveau, si bien que Mme Toussaint a rompu avec son ami de coeur, Émilien. 

Le 6 mai, M. Romain a été avisé par le ministère du Revenu que son salaire serait amputé de 400 $ par mois, et qu'il devait aussi payer un arrérage de 1000$ pour la pension alimentaire. 

Deux semaines plus tard, M. Romain aurait fait signer à Mme Toussaint une renonciation pour la saisie de son salaire. Le vendredi 14 mai, ils seraient allés ensemble porter ce document au palais de justice de Montréal.

Mais voilà, pendant la fin de semaine, Mme Toussaint aurait renoué avec Émilien, et envisageait de rompre à nouveau avec M. Romain.

Centaine d'appels

Le dimanche soir 16 mai, M. Romain aurait appelé et texté Mme Toussaint à une centaine de reprises, sans que celle-ci réponde. Vers minuit 30, elle est allée porter un plat de riz aux légumes à Émilien, au travail. Elle est repartie vers 1h30, en disant qu'elle allait voir M. Romain, qui l'attendait devant chez elle.

«Elle n'a jamais été revue vivante», a précisé Me Dagenais. 

Toujours selon le résumé de Me Dagenais, ce n'est que six jours plus tard, le samedi, que le corps de Mme Toussaint a été découvert. C'est une joggeuse qui a vu des orteils avec du vernis à ongles rouge vif dépasser d'un puisard. Un enjoliveur de tuyau d'échappement chromé se trouvait également dans le puisard. 

Changement de pneus

Me Dagenais entend démontrer que cet enjoliveur se trouvait auparavant sur la voiture Toyota Avalon de M. Romain. L'homme aurait changé ses enjoliveurs, de même que les quatre pneus de sa voiture, après la disparition de Mme Toussaint. Mais des traces du crime auraient subsisté sous la voiture, notamment du sang, du vernis à ongles, et des fibres. 

Mais la Couronne en a encore plus à présenter. Une heure avant la disparition de Mme Toussaint, M. Romain aurait fait des recherches sur Internet portant sur le meurtre, de même que sur Natasha Cournoyer. Celle-ci avait été retrouvée assassinée quelques jours après sa disparition, en octobre 2009. Il avait aussi fait des recherches sur les caméras de surveillance du ministère des Transports.

Me Dagenais a aussi avisé le jury qu'un pathologiste témoignerait de «l'écrasement du corps». Le véhicule aurait passé deux fois sur le corps de la victime.

Tout cela reste à prouver. Me Dagenais commencera à présenter sa preuve mardi matin.