Parce que son ex-conjointe refusait de reprendre la vie commune avec lui, Ziab Hathroubi l'a poignardée à 17 reprises dans une ruelle du quartier Villeray, avant de fuir en l'abandonnant sur place.

Hier, l'homme de 41 ans a écopé de 11 ans et demi de prison pour cette tentative de meurtre survenue le matin du 24 novembre 2011.

Après un moment, la victime, Enda Belkadar, avait été secourue par des passants. Elle était dans un état critique, mais elle a heureusement survécu à ses très graves blessures. Elle avoue cependant avoir senti la mort la frôler.

«Quinze attaques avec le couteau... Il prenait son temps, j'étais à terre et puis après il est parti, et moi j'étais là, j'étais en train de lutter contre la mort, oui, je peux vous dire que j'ai senti la mort proche. J'ai senti que je frôlais la mort, mais j'ai lutté pour ma fille. Imaginez une petite fille de trois ans et demi qui se retrouve sans père et sans mère», a raconté la femme de 31 ans, lors de l'enquête préliminaire.

Originaires de Tunisie, Mme Belkadar et son époux sont arrivés au Canada en 2006. Cinq ans plus tard, rien n'allait plus. Mme Belkadar s'est réfugiée dans une ressource pour femmes, en raison de la violence de son mari.

Le matin du 24 novembre, elle a toutefois accepté d'aller à un rendez-vous fixé par M. Hathroubi, au métro Beaubien. L'homme a insisté pour qu'ils aillent discuter à l'écart, dans une ruelle, car il avait omis de se présenter en cour pour une cause de violence conjugale et il craignait de se faire voir.

Une fois dans la ruelle, il a demandé à Mme Belkadar si elle voulait aller à la cour et «lui pardonner», et si elle voulait reprendre avec lui. Mme Belkadar a refusé.

«OK, tu peux partir. À partir d'aujourd'hui, je ne vais plus te déranger», a répondu l'homme.

Mme Belkadar s'est tournée pour partir, et c'est à ce moment que M. Hathroubi l'a assaillie à coups de couteau.

« Lutter contre un monstre »

«J'ai eu une sensation affreuse. Je sentais comme si j'étais un être humain en train de lutter contre un monstre... Je disais: «S'il te plaît, que le bon Dieu te garde», et il me disait: «Je ne vais pas te laisser, je vais te tuer, je vais te tuer» », a expliqué la femme, lors de son témoignage.

Après son enquête préliminaire, M. Hathroubi a plaidé coupable à une accusation de tentative de meurtre, non-respect de probation et harcèlement.

L'homme avait en effet contacté son ex-conjointe par Facebook après les événements, alors qu'il était détenu.

La Couronne (Me Audrey Simard) demandait une peine de 16 ans de prison, tandis que la défense (Me Charles Montpetit) recommandait 8 ans. Le juge Jean-Pierre Boyer a opté pour une peine de 11 ans et 5 mois, de laquelle il faut retrancher la détention préventive de 49 mois.

En rendant sa décision, le juge Boyer a signalé que M. Hathroubi avait commis un geste hautement répréhensible et que rien n'indique qu'il a pris conscience de la gravité de ses gestes, bien qu'il éprouve des remords.

L'homme souffrirait de bipolarité, et il a tenté deux fois de s'enlever la vie en prison. Comme il n'est pas citoyen canadien, M. Hathroubi devrait être expulsé en Tunisie au terme de sa peine.