Marc Émery, le soi-disant «Prince du pot», a été bruyamment accueilli par ses partisans lors de son retour au pays après avoir purgé une peine d'emprisonnement aux États-Unis pour avoir vendu des graines de plant de marijuana.

Agé de 56 ans, M. Émery, qui avait été extradé aux États-Unis en 2010, a juré de continuer son militantisme en faveur de la légalisation de la drogue même si cela entraîne de nouvelles arrestations.

A son arrivée au Canada, il a été ovationné. Une odeur de pot s'est répandu autour de lui. Il a été embrassé par sa femme Jody, qui aimerait se présenter pour les libéraux à l'occasion des prochaines élections fédérales. L'ancien détenu a prononcé un discours d'appui aux libéraux, épicé d'anecdotes de prison.

Le chef libéral Justin Trudeau s'est déjà prononcé en faveur de la légalisation de la marijuana.

Selon M. Émery, les libéraux veulent sincèrement légaliser la marijuna. Il a encouragé les partisans d'une telle mesure d'aller voter aux prochaines élections.

Il a ajouté que la légalisation de la marijuana - qui doit, selon lui, s'accompagner de mesures permettant de supprimer les dossiers judiciaires de ceux qui ont été reconnus coupable de possession de cette drogue -  est le seul enjeu électoral qui aura un impact profond sur la vie des Canadiens.

«Il y en a qui disent que les Canadiens sont intéressés par des choses beaucoup plus importantes, a dit M. Émery. Je leur réponds: A quoi êtes-vous intéressé ? A l'économie ? à l'environnement ? A la santé ? Ce n'est pas en votant qu'on y changera quelque chose.»

Le militant reconnaît qu'il y a beaucoup de travail devant lui, ne serait-ce que souvent les gens de la «culture du cannabis» ne participent pas souvent aux élections. Il a toutefois fait remarquer qu'ils représentent «un bloc sous-estimé d'électeurs».

«Si on obtient un gouvernement libéral majoritaire l'an prochain, on n'aura plus à revenir aux urnes pour légaliser la marijuana», a-t-il ajouté.

M. Émery envisage de visiter 30 villes canadiennes avant le déclenchement des prochaines élections, se rendre dans des universités l'hiver prochain et se faire entendre sur la scène internationale, notamment en Irlande et en Espagne. «Nous répéterons le même message: l'interdiction de la marijuana n'a rien eu de bon. Si on ne veut pas que les jeunes fument de la marijuana, c'est une chose. Mais leur donner un dossier criminel, les stigmatiser, les emprisonner pendant une nuit. Selon moi, c'est vraiment traumatisant.»

Il dit avoir été arrêté 28 fois pour des «actes de désobéissance civile» liés à la consommation de marijuana. Il se dit même prêt à retourner en prison pour «continuer de prouver son point».

Le discours de M. Émery n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Peu de temps après que le militant eut fini de vilipender le premier ministre Stephen Harper, le ministre de la sécurité publique, Steven Blaney, n'a pas perdu de temps pour tenter d'amalgamer «un trafiquant de drogue reconnu coupable» aux libéraux. «Les libéraux veulent que nos enfants aient plus facilement accès à la marijuana, les Canadiens peuvent avoir l'assurance que notre gouvernement va adopter des politiques qui gardent les drogues loin de nos rues et assurent la sécurité de nos familles», a-t-il déclaré, par voie de communiqué.

Pendant son séjour en prison, Marc Émery dit avoir joué de la basse et lu livres, magazines et les milliers de lettre appuyant sa lutte.