Le sénateur suspendu Patrick Brazeau devra passer une autre nuit en prison: la Couronne a refusé jeudi sa remise en liberté pour le moment en lien avec les plus récentes accusations criminelles dont il a fait l'objet.

Le sénateur a eu de nouveaux démêlés avec la justice: il a été formellement accusé, jeudi à Gatineau, de voies de fait sur une femme et un homme, de possession de cocaïne, de menaces de mort, et de bris de conditions.

Il devra retourner en Cour vendredi matin. D'ici là, son avocat et la Couronne auront discuté plus amplement du dossier et présenteront leurs arguments au juge pour sa remise en liberté. Jeudi, l'avocat de Patrick Brazeau ne s'était pas opposé à la remise de la cause au lendemain.

Toujours détenu depuis son arrestation effectuée au cours de la nuit, Patrick Brazeau a plaidé non coupable à tous les nouveaux chefs d'accusation.

Il s'est présenté en après-midi menotté devant la juge. Le visage bouffi, vêtu d'une chemise verte et d'un veston noir, il est resté silencieux, les yeux baissés, durant toute sa comparution.

Il était est arrivé au palais de justice de Gatineau en matinée dans une camionnette de police.

Le procureur de la Couronne, Sylvain Petitclerc, a refusé la remise en liberté du sénateur, à la fois parce qu'il a brisé les conditions de sa libération précédente et est à nouveau impliqué dans un cas d'agression physique.

«Puisque monsieur est déjà sous engagement, qu'il devait respecter certaines conditions et qu'il ne les respecte pas, on s'objecte à sa remise en liberté pour le moment afin de vérifier ce qu'on peut faire avec cet individu pour s'assurer de la protection de la population», a-t-il déclaré après la présentation du cas à la juge.

Un séjour dans un centre de désintoxication est une possibilité envisagée, a confié Me Petitclerc.

Croisé dans le corridor du palais de justice en matinée, l'avocat du sénateur suspendu, Gérard Larocque, a indiqué qu'il ne ferait aucun commentaire au sujet de son client.

Patrick Brazeau a été arrêté peu avant 4 heures dans la nuit de mercredi à jeudi, à Gatineau.

La police de Gatineau avait été appelée à intervenir pour une affaire de voies de fait dans un contexte de violence conjugale dans une résidence du boulevard Labrosse. Une dame y aurait été victime de voies de fait et l'ami de cette dernière aurait reçu des menaces.

M. Brazeau, qui est âgé de 39 ans, avait déjà été arrêté dans une résidence du boulevard Labrosse en octobre dernier.

Le sénateur s'est plaint aux policiers d'avoir été victime de voies de fait de la part de l'homme se trouvant à l'intérieur de la résidence. Des accusations de voies de fait pourraient être portées contre cet homme de 50 ans dans quelques semaines.

Croisé en face du Parlement, le sénateur québécois Jean-Guy Dagenais a qualifié la récente arrestation de «malheureuse».

Il s'inquiète que de pareils événements entachent la réputation du Sénat aux yeux des citoyens.

Il croit toutefois que cela démontre que les conservateurs ont eu raison d'exclure le sénateur de leur caucus.

Patrick Brazeau devait également se présenter au palais de justice de Gatineau vendredi matin pour fixer la date de procès en lien avec les accusations de voies de fait et d'agression sexuelle portées contre lui en février 2013.

Sa libération avait alors été assortie d'une série de conditions, dont l'obligation de garder la paix et d'avoir une bonne conduite. Les événements de la nuit ont mené à ce chef d'accusation de bris de conditions déposé jeudi matin.

Patrick Brazeau a de plus été accusé en février de fraude et d'abus de confiance dans le scandale des dépenses au Sénat. Il aurait fait de fausses déclarations sur son lieu de résidence et empoché indûment des allocations à ce titre.

Patrick Brazeau, qui avait été nommé à la Chambre haute par le premier ministre Stephen Harper, avait été exclu du caucus conservateur après avoir été accusé d'agression sexuelle et de voies de fait. Il a ensuite été suspendu sans solde du Sénat.