L'ex-mairesse de Boisbriand reconnaît avoir participé à un «système frauduleux» qui, de 2000 à 2010, avantageait des firmes de génie en échange de financement politique, selon un nouveau document judiciaire en partie libéré ce matin.

En février, Sylvie Berniquez St-Jean a plaidé coupable à quatre chefs d'accusation, notamment de complot pour fraude et d'abus de confiance. Les avocats de La Presse et Radio-Canada ont obtenu la libération ce matin d'une partie de l'exposé conjoint des faits, dans lequel l'ex-mairesse admet sa culpabilité.

Dans le document encore lourdement caviardé, on peut lire que «Sylvie Berniquez St-Jean reconnaît qu'elle a pris part à une entente au sein d'un système frauduleux d'allocation des contrats de génie civil par la Ville de Boisbriand». Les firmes Roche, BPR-Triax et Groupe Séguin (aujourd'hui Génius) étaient avantagées par ce stratagème.

Selon les aveux, le système a été mis en place sous la gouverne de l'ex-maire Robert Poirier, aujourd'hui en procès. Mme St-Jean dit avoir «perpétué cette façon de faire».

Le partage des contrats prévoyait que la firme Roche obtiendrait le contrat d'usine de traitement des eaux. BPR-Triax hériterait pour sa part de la majorité des contrats en infrastructures tandis que Groupe Séguin recevrait ceux en bâtiments.

L'ex-mairesse reconnaît aussi avoir accordé un extra de 418 000 $ à Roche. Les policiers ont relevé de nombreux échanges téléphoniques entre Mme Berniquez St-Jean et une dirigeante de Roche, France Michaud, elle aussi en procès présentement. Les deux femmes ont planifié plusieurs rencontres, selon l'enquête. L'ex-mairesse dit notamment avoir communiqué avec l'ingénieure au sujet de l'attribution du contrat des plans et devis.

Rappelons que la Sûreté du Québec avait arrêté sept personnes en février 2011 en lien avec l'octroi des contrats de Boisbriand. Le procès de quatre des accusés a débuté la semaine dernière au Palais de justice de Saint-Jérôme, soit deux responsables de la firme de génie-conseil Roche, France Michaud et Gaétan Morin, ainsi que Robert Poirier, ex-maire de Boisbriand, et l'ingénieur de BPR-Triax, Rosaire Fontaine. Une ordonnance de non-publication avait été imposée sur les aveux de culpabilité de Sylvie Berniquez St-Jean pour éviter de nuire aux procédures judiciaires. Cette ordonnance reste en place pour une importante partie du document partiellement libéré aujourd'hui.