Chiheb Battikh, ce père de famille lavallois sans histoire accusé d'avoir enlevé un enfant de 3 ans pour obtenir une rançon en 2012, a été condamné à six ans de prison vendredi.

Le quinquagénaire a plaidé coupable à une série d'accusations liées à son plan rocambolesque. La juge Louise Villemure a accepté la proposition conjointe de la poursuite et de la défense pour la sentence. En déduisant le temps déjà passé en prison, il reste 57 mois de la peine à purger.

Selon les faits présentés au tribunal, Battikh éprouvait de graves problèmes d'argent après avoir fait de mauvais placements pour ses proches et des membres de sa communauté.

Pour amasser rapidement 500 000 $, il a eu l'idée de kidnapper l'enfant d'une famille riche. Il a fait des recherches sur internet et identifié une famille d'Outremont qu'il estimait multimillionnaire. Après quelques recherches sur internet pour localiser leur résidence, il les a pris en filature trois ou quatre fois pour préparer l'enlèvement.

Battikh croyait pouvoir obtenir une rançon en 24 heures et régler ses problèmes d'un coup.

«Il avait un peu la pensée magique», a reconnu son avocate, Me Kim Hogan.

L'après-midi du 19 décembre 2012, le père de la famille ciblée par Battikh prenait une marche dans un parc enneigé d'Outremont, en traînant son enfant dans un traîneau derrière lui.

Battikh s'est jeté sur le père et à essayé de l'électrocuter trois fois avec un pistolet électrique taser. Acheté pour une trentaine de dollars à Plattsburg, l'appareil n'a eu aucun effet sur la victime.

Battikh s'est donc mis à rouer le père de coups, au point où celui-ci, qui ne comprenait rien à ce qui se passait, a commencé à faire le mort, couché au sol. Battikh en a profité pour empoigner l'enfant et fuir à pied.

Le père s'est relevé et s'est jeté à son tour sur le kidnappeur. «Il a eu la force, l'intelligence et la rapidité de se relever et de le maîtriser», a raconté la procureure de la couronne, Me Sylvie Lemieux.

Un témoin a ensuite appelé la police et est venu porter main forte au père pour sauver l'enfant et retenir l'agresseur.

L'avocate de Battikh a assuré la cour que son client éprouve aujourd'hui beaucoup de regrets. Sa détention est pénible car il doit être protégé des autres prisonniers en raison de la nature de son crime, a-t-elle précisé. 

Arrivé de Tunisie en 1989, Chiheb Battikh s'était ironiquement illustré dans l'aide aux enfants une fois rendu au Québec. Très impliqué au sein de l'Association musulmane du Canada, il a participé à la mise sur pied de plusieurs programmes au profit des jeunes.

«Pour moi il était un gars super, un modèle, qui servait toujours la communauté musulmane, qui était toujours là pour la jeunesse, qui était connu dans plusieurs mosquées et qui faisait beaucoup de travail en coulisse», a souligné un de ses amis, Aynan Oweida, venu le voir en cour vendredi. Les deux hommes se sont connus au Centre communautaire laurentien de Cartierville, un établissement de l'Association musulmane du Canada.

M. Oweida dit ne toujours pas comprendre pourquoi son ami s'est lancé dans une telle aventure. Les proches des victimes eux, ont préféré ne pas s'adresser aux médias. La famille vit encore un sentiment d'insécurité à Montréal et a même pensé quitter la ville après le drame, selon la preuve.