Des membres de la secte Lev Tahor ont choisi de quitter le Canada, avant qu'un juge ontarien n'ait tranché le sort des 13 enfants qui devaient être confiés aux services sociaux québécois. Mais avant même que l'appel ne soit entendu, la cour a décidé de retirer la garde des enfants aux parents.

Un groupe se serait rendu au Guatemala en faisant une escale au Mexique. Un autre groupe de trois adultes et six enfants est parti de Toronto et se trouvait en transit à Trinité-et-Tobago lorsqu'il a été intercepté vers 5 heures du matin, hier.

Selon un courriel d'un proche de la communauté obtenu par La Presse Canadienne, le groupe a choisi de prendre des vacances au moment où sa cause devait être entendue par la justice ontarienne.

Ce proche laisse entendre que les personnes du groupe ont des billets de retour pour le 13 mars prochain, mais  attendront de connaître la décision du juge avant de décider si elles reviendront au pays.

En février, un juge ontarien a ordonné que 13 enfants faisant partie de la secte soient remis à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) au Québec, où un tribunal a déjà ordonné qu'ils soient confiés à des familles d'accueil.

La communauté a toutefois déposé une demande d'appel qui devait être entendue hier. Au lieu d'entendre l'appel, les services sociaux ontariens ont déposé une motion d'urgence. 

Cette injonction fait l'objet d'une audience à huis clos, ce qui signifie que son contenu n'est pas connu. Les détails seront rendus publics aujourd'hui, selon le

Toronto Star. Selon le quotidien torontois, les autorités ontariennes ont effectué des fouilles dans les maisons des familles, hier.

On ne sait pas encore si le deuxième groupe qui transitait par le Mexique était composé de membres visés par l'ordonnance. Les porte-parole de la secte Uriel Goldman et Mayer Rosner n'ont pas rappelé La Presse, hier.

La plupart des 200 membres de la communauté de Lev Tahor ont quitté leur domicile de Sainte-Agathe-des-Monts, dans les Laurentides, au milieu de la nuit, quelques jours après que la DPJ eut amorcé une procédure judiciaire contre quelques-unes des familles. En leur absence, le tribunal au Québec a déterminé en novembre que les enfants devaient être placés en familles d'accueil pour 30 jours, mais les personnes concernées avaient déjà déménagé à Chatham, en Ontario.

Des membres de cette communauté juive ultra-orthodoxe faisaient l'objet d'une enquête des services sociaux au Québec à la fin de l'an dernier, notamment pour des questions d'hygiène et de santé des enfants, et à propos d'allégations voulant que les petits ne soient pas scolarisés conformément au programme du ministère de l'Éducation.

Si ces familles trouvent refuge à l'extérieur du pays, elles ne sont pas hors d'atteinte pour autant. Si un juge ontarien a reconnu un jugement de la Cour du Québec, une cour d'un pays étranger peut en faire autant, a expliqué à La Presse Jeffrey Talpis, professeur de droit international privé à l'Université de Montréal.

«Il y a un jugement québécois qui ordonne le retour des enfants et l'Ontario a reconnu ce jugement [qui est maintenant porté en appel]. À l'étranger, donc, il faudrait faire reconnaître et rendre exécutoire le jugement québécois. C'est la même chose... mais en plus compliqué.»

- Avec La Presse canadienne et le Toronto Star