Le procès des trois hommes accusés de l'attaque du Flawnego a commencé en septembre et devait se terminer avant Noël. Mais au train où il va, il finira à Pâques... ou à la Trinité.

Le procès avance à pas de tortue. Le jury entend en ce moment le 32e témoin de la Couronne, alors qu'elle en a 60 à présenter. Les contre-interrogatoires, principalement ceux menés par l'avocat Franco Schiro, sont longs. Très, très longs.

La juge Carol Cohen a annoncé cette semaine qu'elle suspendait le procès pour le temps des Fêtes, soit à partir du 20 décembre, pour le reprendre le 8 janvier. Le procès devrait se poursuivre en janvier, février et peut-être en mars, a-t-elle signalé dans sa décision.

Elle a aussi ordonné que les jurés soient rémunérés pendant le congé des Fêtes, à l'exception des jours fériés.

Soixante coups de feu

Kyle Gabriel, Carey Isaac Regis et Terrel Lloyd Smith sont accusés de deux meurtres prémédités et de deux tentatives de meurtre, commis en l'espace de quelques minutes, l'après-midi du 18 mars 2010. L'attaque s'est produite dans la boutique de vêtements Flawnego, rue Saint-Jacques, dans le Vieux-Montréal.

Selon la preuve, des gunmen déguisés ont pénétré dans l'établissement qui appartenait au caïd Ducarme Joseph et ont tiré sur des hommes qui s'y trouvaient. Une soixantaine de coups de feu ont été tirés.

Jean Gaston, oncle de Ducarme Joseph, a été tué. Peter Christopoulos, vraisemblablement son garde du corps, a subi le même sort. Frédéric Louis, son chauffeur allégué, de même qu'Alain Gagnon, un électricien qui faisait des travaux dans la boutique, ont pour leur part été atteints de plusieurs projectiles, mais ont survécu. Ils ont témoigné au début du procès. Des policiers et des civils ont aussi témoigné jusqu'à présent.

«Contrôle de qualité»

Depuis la semaine dernière, c'est Caroline Simoneau, policière de l'identité judiciaire du SPVM, spécialisée en analyse des empreintes, qui est dans le box des témoins. Elle a analysé des empreintes trouvées sur les portes coulissantes de ce qui aurait servi de véhicule de fuite aux tueurs, selon la Couronne. Selon ses analyses, deux empreintes sont celles d'un des accusés, Kyle Gabriel.

Me Schiro remet en question les méthodes d'analyse de Mme Simoneau, et reproche un manque de «contrôle de qualité.» Selon lui, la validation des empreintes ne devrait pas être faite par une collègue. Il l'a aussi questionnée sur ses liens avec une collègue de travail... Hier, en fin de journée, l'avocat s'est employé à décortiquer l'analyse de Mme Simoneau devant les jurés. Certains semblaient exaspérés.

Me Schiro a aussi longuement questionné Mme Simoneau sur le fait qu'elle avait discuté de son témoignage avec des collègues, à l'extérieur de la salle d'audience. Cette dernière, qui a pourtant souvent témoigné dans des procès, a indiqué qu'elle avait toujours pensé que l'interdiction de discuter de son témoignage se limitait aux personnes impliquées dans la cause. Ce qui n'est pas le cas.

Me Schiro continuera de contre-interroger Mme Simoneau ce matin.