Les avocats du principal suspect de l'attentat de la synagogue de la rue Copernic à Paris il y a plus de 30 ans ont attaqué lundi en appel à Toronto la décision du gouvernement canadien de l'extrader vers la France.

Les avocats du Libano-Canadien Hassan Diab, un ancien professeur de sociologie à l'université d'Ottawa, ont remis en question la crédibilité d'une analyse graphologique, élément-clef du dossier à charge, trouvant qu'elle était «truffée d'erreurs».

M. Diab conteste son implication dans cet attentat, qui avait fait quatre morts, et a fait appel de la décision du gouvernement canadien en avril 2012 de l'extrader vers la France, même si la cour avait précédemment souligné la «faiblesse» du dossier à son encontre.

L'une de ses défenseurs, Me Marlys Edwardh a cherché lundi à discréditer une analyse graphologique réalisée par une experte française, Anne Bisotti, lors de l'examen de la décision canadienne par la Cour d'appel de l'Ontario.

Me Edwardh, s'appuyant sur l'opinion de cinq autres experts, a passé au crible les conclusions de Mme Bisotti, selon qui Hassan Diab a vraisemblablement rempli une fiche d'hôtel sous une fausse identité (Alexander Panadriyu), qui a aussi été utilisée pour l'achat d'une moto ayant servi dans l'attentat du 3 octobre 1980.

L'analyse graphologique de Mme Bisotti n'a pas été réalisée selon «une méthodologie conforme» et n'a pas non plus été «validée» par des pairs, a affirmé Me Edwardh.

Pour la défense, la signature au bas de la fiche d'hôtel n'est qu'un «écran de fumée» dans la décision d'extrader Hassan Diab.

Ce dernier, qui aura 60 ans dans quelques jours, se dit victime d'une homonymie et clame son innocence, soutenant qu'il était étudiant à Beyrouth au moment des faits.

Me Edwardh a aussi estimé que le ministère de la Justice avait commis une erreur en autorisant l'extradition de M. Diab sur la base de l'analyse graphologique.

L'analyse de Mme Bisotti était la troisième soumise par la France en appui à sa demande d'extradition, les deux précédentes ayant été rejetées par la cour après que la défense a soulevé des objections.

L'audience de la Cour d'appel de l'Ontario doit se terminer mardi mais la décision ne devrait pas être rendue avant plusieurs semaines.

Les avocats de M. Diab estiment aussi que le Canada ne peut extrader leur client car la France n'a jamais formulé de chefs d'inculpation à son encontre.