Arrêté à Calgary après une saga qui a fait les manchettes dans l'ouest du pays, Mario Antonacci a finalement été ramené à Montréal, où la justice le réclamait. Sous le coup de deux mandats d'arrestation, l'homme a comparu hier matin, en Cour du Québec.

Debout dans le box des accusés, M. Antonacci a tenu à s'exprimer. « Le corps n'est pas ici, vous ne pouvez pas le voir... », a-t-il lancé en guise d'amorce à un long et confus monologue. En résumé, l'homme de 48 ans prétend que le gouvernement n'a pas juridiction sur lui, car il est un être souverain. C'est l'habituelle rengaine des « freemen on the land. » M. Antonacci s'est affublé de titres ronflants pour l'association qu'il aurait créée « Sovran Nations Embassy », et qui est inspirée de ce mouvement.

C'est dans cet esprit de souveraineté que M. Antonacci aurait décrété que le logement qu'il louait d'une retraitée, à Calgary, depuis novembre 2011, était son « ambassade. »

Rebekah Caverhill a tout tenté pour faire expulser ce locataire indésirable, qui utilisait là-bas le nom de Andreas Pirelli. Grâce à la médiatisation de ses ennuis,  Mme Caverhill a finalement obtenu l'expulsion, la semaine dernière. Des policiers du SPVM sont allés cueillir M. Antonacci en Alberta, et l'ont ramené à Montréal, mercredi.

Des causes ici

M. Antonacci était sous le coup d'un mandat d'arrestation depuis mai 2010, parce qu'il s'était volatilisé pendant son procès pour voie de fait grave à l'égard d'une quinquagénaire. Celle-ci, Jocelyne Malouf, avait eu le malheur de lui prêter un logement pour le dépanner, en 2007. Quand elle a voulu récupérer le logement, au bout de quelques mois, Antonacci l'aurait sortie manu militari, si bien qu'elle a eu le bassin et un poignet fracturés.

L'autre mandat concerne un autre dossier. Il compte neuf accusations, dont introduction par effraction, menaces, harcèlement. Les faits seraient survenus en septembre 2008. Les victimes alléguées sont les résidants d'un immeuble où M. Antonacci a déjà vécu, et qui lui aurait peut-être même déjà appartenu.

Car voilà, avant d'être un « freeman on the land », M. Antonacci a vécu une tout autre vie. Celle d'un ambitieux chef de petite entreprise (Les Productions Klips), qui était aussi propriétaire de deux immeubles locatifs. Vers la fin des années 90, M. Antonacci, père de trois enfants, a vécu un divorce et ses affaires ont périclité. Il s'est retrouvé sans le sou et a accumulé les ennuis, non seulement pour lui, mais aussi pour des personnes qui le côtoyaient.

C'est ce qui se dégage d'informations colligées dans des dossiers de cour, et obtenues auprès de personnes qui l'ont fréquenté.

M. Antonacci est resté détenu et reviendra devant le tribunal la semaine prochaine.