Un homme de 70 ans qui a été malmené par une chauffeuse d'autobus au point d'avoir la hanche cassée, le 8 juin 2010, réclame 110 000$ à cette femme et à son employeur, la Société de transport de Montréal (STM). 

La chauffeuse, Claudine Boucher, 43 ans, a manifestement vu rouge quand le client, Jean-Guy Fontaine, lui a craché dessus. Elle l'a violemment poussé et traîné sur l'asphalte, comme le démontrent les enregistrements des caméras qui se trouvaient dans l'autobus. C'est un passager, un jeune étudiant, qui est intervenu pour calmer la chauffeuse. « Il m'a craché dessus, l'ostie de tabarnak », aurait-elle dit. L'incident avait pris sa source quelques minutes plus tôt, à l'angle des rues Grenet et De Serre, à Cartierville. 

M. Fontaine affirme qu'il a voulu monter dans l'autobus, qui était arrêté, moteur éteint, mais qu'il s'est buté à une porte close. Il s'est allumé une cigarette. Peu après, constatant que l'autobus partait sans lui, il a couru pour le rattraper, en donnant des coups de poing sur le véhicule. L'autobus s'est arrêté un peu plus loin, et la porte avant s'est ouverte. Croyant qu'il allait pouvoir monter, l'homme s'est approché. La chauffeuse lui a plutôt indiqué d'aller attendre le bus suivant à l'arrêt. 

La caméra montre que M. Fontaine a fait un mouvement de tête, puis Mme Boucher a bondi sur lui. « C'est arrivé tellement vite. J'ai senti de l'électricité dans mon corps, ça m'a monté au cerveau », a raconté M. Fontaine aux procès. L'homme a eu la hanche fracturée, ce qui a nécessité deux interventions chirurgicales. Il marche aujourd'hui avec des chaussures orthopédiques, et s'il ne les porte pas, il doit prendre une canne. « J'étais en bonne santé avant », assure le sexagénaire.

Accusés et condamnés

Les deux protagonistes ont été accusés de voie de fait en Cour du Québec. M. Fontaine niait avoir craché sur Mme Boucher. Quant à celle-ci, elle disait avoir employé la « force nécessaire et raisonnable » pour maîtriser l'homme et éviter qu'il s'enfuie.

Dans les deux cas, la vidéo donnait un autre son de cloche. Les deux ont été déclarés coupables au terme de leur procès respectif. 

Absolution 

Mme Boucher a obtenu une absolution inconditionnelle et a pu conserver son emploi. M. Fontaine, qui avait de lointains antécédents, a eu une probation d'un an. Il intente cette poursuite dans l'espoir d'obtenir réparation pour les dommages physiques et psychologiques, dit-il. « La réaction était démesurée. C'est un homme qui vit seul. Il n'avait personne pour s'occuper de lui après que ce fut arrivé. Il a dû se débrouiller par lui-même. Sa qualité de vie a beaucoup diminué depuis », note son avocat, Me Réginal Victorin. 

La STM a confirmé le fait que Mme Boucher travaille toujours pour elle et qu'elle occupe le poste de changeuse. « C'est tout ce qu'on peut dire », a indiqué la porte-parole de la STM, Amélie Régis, en signalant que le reste n'était pas public.Cette poursuite survient dans le contexte où le syndicat des chauffeurs d'autobus, la Section locale 1983 du Syndicat canadien de la fonction publique, est en campagne pour contrer la violence à l'égard des chauffeurs d'autobus et demande un durcissement de la loi. L'agent d'affaires du syndicat, Stéphane Lachance, est au courant de la poursuite, mais a indiqué qu'il ne pouvait faire de commentaires à ce sujet.