La police de Laval a réalisé ce mardi une de ses plus grosses opérations antidrogues, arrêtant 42 présumés trafiquants de drogue et leur saisissant plus de 600 000 comprimés de drogues chimiques et de très nombreuses autres substances.

À l'aube, près de 400 agents lavallois surtout, mais aussi montréalais, de la Sûreté du Québec et de corps policiers de la Rive-Nord, ont exécuté 24 mandats d'arrestation et encore plus de mandats de perquisition.

Il s'agit du projet d'enquête baptisé Moisson, qui a débuté il y a neuf mois. On visait un groupe de fabricants et trafiquants de comprimés tels méthamphétamine, alpha pvp et mdpv.

En plus des 24 dont l'arrestation était prévue, les policiers ont arrêté 18 suspects supplémentaires.

L'imposante quantité de comprimés chimiques aurait été fabriquée dans un bungalow de la rue du Parc, à Saint-Hippolyte, où les policiers ont saisi deux presses industrielles. Ces presses pouvaient fabriquer des pilules portant des logos de Facebook, Spiderman, Versace ou Star Wars. On a aussi découvert dans cette maison des dizaines de kilogrammes de matière première servant à confectionner ces drogues. Le tout était contenu dans des barils. Le laboratoire clandestin était loin des conditions de salubrité idéales. Un lit démontre également que les responsables présumés du laboratoire, Alexandre Lajeunesse et David Cochet, dormaient à l'occasion dans cette résidence flambant neuve mais qui n'avait d'autre utilité que la fabrication de stupéfiants.

Dans la maison du croissant de Paris, dans le secteur Duvernay à Laval, où les comprimés ont été saisis, on a aussi trouvé de la cocaïne et 300 pots Masson d'un litre contenant des cocottes de cannabis.

Chez certains suspects, on a trouvé de grosses sommes d'argent comptant dans des coffres forts, et des armes à feu. Plusieurs étaient enregistrées légalement.

Au total, ce sont finalement 42 personnes qui avaient été arrêtées vers 16h. Les suspects comparaîtront pour la plupart aujourd'hui.

+

Danger environnemental



Les pilules produites par des chimistes amateurs sont dangereuses pour les consommateurs, mais aussi pour l'environnement. «Pour produire un kilogramme de comprimés de méthamphétamine, il y a un rejet d'environ six kilogrammes de substances toxiques dans l'environnement», indique le lieutenant Daniel Guérin.

Selon un document de la Gendarmerie royale du Canada, «la production de méthamphétamine est responsable du rejet de matières toxiques dangereuses dans l'environnement. Ces matières toxiques comprennent des solvants inflammables, des solvants chlorés, du phosphore, de l'iode, des métaux lourds (plomb, mercure) et diverses autres substances polluantes très dangereuses pour la santé publique».

Comme on le voit de plus en plus souvent lors de démantèlement de cellules du crime organisé, les suspects ne sont pas issus d'une seule famille criminelle. Ils sont reliés à la fois aux motards, aux gangs de rues et au crime organisé libanais et italien.

Les trois hommes identifiés comme étant les têtes dirigeantes du réseau sont Eliott Blanchard, qui serait le lien avec les gangs de rues. Marc Prévost serait celui avec les Hells Angels alors que Samir Massoud aurait des affinités avec des groupes libanais et italiens.

«Aujourd'hui, peu importe leur souche, les criminels travaillent ensemble aussitôt qu'il y a une possibilité de faire de l'argent», a indiqué l'inspecteur Dany Gagnon, de la police de Laval.

Pour donner une idée de l'ampleur de l'opération, pour toute l'année 2012, 105 000 comprimés avaient été saisis par le corps policier de l'île Jésus.

Et les 600 000 d'aujourd'hui représenteraient une évaluation conservatrice.

La police de Laval indique d'ailleurs que le trafic de drogue de synthèse connaît une croissance fulgurante ces dernières années sur son territoire, alors qu'à peine 40 000 comprimés y avaient été saisis il y a quatre ans.

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Les suspects sont reliés à la fois aux motards, aux gangs de rues et au crime organisé italien.