Richard Henry Bain est entré dans le box d'un pas décidé, ce matin, en lançant d'une voix forte: «Que Dieu vous bénisse tous.» Puis, celui qui est accusé de l'attentat mortel du Métropolis a tenu un discours décousu, où il était question de mission, de religion, de guerre au nationalisme.

L'homme de 62 ans sera envoyé en évaluation psychiatrique afin que l'on détermine son aptitude à subir un procès. C'est ce dont les parties et le juge Robert Marchi ont convenu, au terme de l'audience de neuf minutes, qui s'est déroulée ce matin, à Montréal.

M. Bain a signalé que la date d'aujourd'hui était un «jour très saint à se rappeler»: l'attaque de Pearl Harbor a eu lieu le 7 décembre 1941.

Son avocate, Elfride Duclervil, a tenu  poser des questions à son client, afin que le juge constate son état d'esprit. Elle a demandé à M. Bain pourquoi il était là. «Je suis ici parce que Dieu m'a donné sa vision, je suis son ambassadeur.» Il a ajouté qu'il ne fallait jamais arrêter de combattre les séparatistes diaboliques, a parlé du problème nationaliste qui existe depuis 45 ans. Il s'est décrit comme un combattant.

Son avocate lui a demandé s'il comprenait les accusations, le meurtre de Denis Blanchette.

«Oui», a-t-il répondu.

Peu après, il a ajouté que «les soldats de Dieu ne commettent pas de meurtre.»

À la sortie de la salle d'audience, Me Duclervil a indiqué que l'expertise s'imposait dans les circonstances. «Ma collègue et moi avons demandé à plusieurs reprises à M. Bain de nous donner des informations précises pour nous permettre de bien préparer sa défense, mais il a été incapable de le faire; chaque fois, il a tenu ce genre de propos.»

«Le personnel de la prison de Rivière-des-Prairies a parfois trouvé son attitude étrange et l'a dirigé vers les médecins», a dit  l'avocate, selon qui Bain a par ailleurs demandé des médicaments pour une entorse cervicale, pour la prostate et pour la tension artérielle.

«Vous avez constaté ce qui s'est passé dans la salle, a renchéri Me Jean-Pascal Boucher, porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales. C'est difficile pour nous de commenter sur le fond des choses, mais nous allons continuer de préparer notre preuve et attendre le rapport du psychiatre. On verra après.»

Bain doit retourner en cour dans deux semaines.

Par ailleurs, Me Duclervil a indiqué que l'enquête sur les blessures à la tête qu'avait son client lors de son passage précédent devant le tribunal est dans une impasse : «Rien n'indique dans l'enquête que quelqu'un ait voulu lui faire du mal, et lui-même n'a pas vu qui l'a attaqué.»

Rappelons que M. Bain fait face à 16 accusations, dont l'une de meurtre prémédité pour la mort de Denis Blanchette, trois de tentative de meurtre et une d'incendie criminel. L'attentat s'est déroulé le 4 septembre, soir des élections qu'a remportées le Parti québécois.