Julie* s'est mariée en 2010 dans une chapelle. Son mari et elle ont passé leur lune de miel en tête à tête dans un petit appartement de la région de Québec.

«On a passé de beaux moments ensemble, même si ce n'est pas du tout le mariage dont tu rêves quand tu es jeune», raconte la travailleuse sociale de 43 ans. Julie n'a jamais rêvé de se marier à l'intérieur des murs d'un pénitencier.

Stéphane* purgeait une peine de 13 ans de prison pour vol lorsqu'il a rencontré Julie. C'était en juin 2000, lors d'une «journée communautaire» au pénitencier de Port-Cartier. Ils s'étaient parlé plusieurs fois au téléphone auparavant. Julie était une amie de son frère.

«Il est devenu mon meilleur ami, mon confident », raconte la mère de trois enfants.

Contrairement à d'autres femmes de détenu, ce n'est pas le passé criminel de Stéphane qui l'attirait, dit-elle. «Au début, c'était simplement un ami.»

En 2003, Stéphane est sorti de prison, mais sa liberté a été de courte durée : il a été arrêté quelques mois plus tard après avoir participé à un vol.

«Je me suis effondrée », raconte Julie, qui a été surprise par l'ampleur de sa propre réaction.

Lors d'une période difficile de sa vie, Julie s'est rapprochée de Stéphane. L'amour est né. Un jour, il lui a demandé sa main. «Six mois plus tard, on était mariés », raconte-t-elle.

Depuis, elle lui parle chaque jour et lui rend visite toutes les deux semaines. Huit fois par année, Stéphane la reçoit dans un appartement mis à la disposition des détenus. Les enfants de Julie des adolescents l'accompagnent parfois.

Des gardiens de prison lui ont déjà fait des commentaires désobligeants. «Je me suis souvent fait dire que je perdais mon temps à voir un crotté comme lui », raconte Julie.

Stéphane sortira de prison dans environ cinq ans. Julie veut prendre son temps avant de s'installer avec lui.

Elle souhaite maintenant qu'il fasse une croix sur la criminalité. «Maintenant, je suis directement impliquée dans ses choix de vie, et mes enfants aussi.»

*Les prénoms ont été changés.