Mario Lambert échappe à la prison mais devra tout de même respecter de lourdes conditions au cours des huit prochains mois.

Après un procès interminable ponctué de témoignages à huis clos et de problèmes de santé du magistrat qui préside cette affaire qui divise le SPVM, le juge Jean-Pierre Dumais de la Cour du Québec a condamné l'enquêteur de 45 ans à huit mois de prison à purger dans la collectivité ce matin au Palais de justice de Montréal.

La Défense demandait une absolution inconditionnelle en raison du tort déjà subi par son client alors que la Couronne réclamait une peine de prison ferme variant de 6 à 12 mois. Le juge Dumais a donc tramché la poire en deux, en tenant compte de l'absence d'antécédent et du parcours irréprochable de l'enquêteur jusque-là, mais également du fait qu'un policier doit être au-dessus de tout soupçon pour ne pas que la confiance du public envers la Justice soit ébranlée.

Durant les trois premiers mois de sa sentence, Lambert sera assigné à résidence 24h sur 24, 7 jours sur 7, sauf pour des fins de travail rémunéré. Il devra se soumettre à un couvre feu pour les trois mois suivants alors qu'il sera libre de ses mouvements dans les deux derniers.

L'enquêteur, qui est suspendu sans solde, travaille comme commis à un salaire de 506$ par semaine. En raison de sa condamnation, il ne peut exercer un métier dans lequel il pourrait utiliser ses compétences d'enquêteur.

Lundi, son avocat déposera une requête en Cour d'appel pour suspendre l'exécution de sa sentence en attendant que l'appel sur le jugement soit entendu sur le fond.

«C'est une sentence sévère avec tout ce que j'ai vécu jusqu'à maintenant. Si j'avais fait quelque chose de mal, je comprendrais mais je n'ai fait que mon travail, comme le font la plupart des policiers qui travaillent avec des sources», a confié Mario Lambert à La Presse.

Lambert a été arrêté en 2009 à la suite d'une enquête interne débutée après que certains de ses collègues eurent vent qu'il consultait la Centrale de renseignements policiers du Québec et donnait des informations nominatives à des sources liées au crime organisé Libanais. Lambert a été piégé alors que des sources mandatées par des policiers des affaires internes lui ont demandé d'enquêter trois plaques d'immatriculation qui étaient en réalité factices et appartenaient à la police et à la Ville de Montréal. Mario Lambert n'a pas été payé pour donner ces informations. «Cela s'est passé dans le cadre d'un échange de bons procédés avec ses sources», a dit le juge Dumais.