Pour la sixième fois, l'escouade Marteau a frappé à Laval, hier. Cette fois, le bras armé de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) avait dans sa ligne de mire quatre firmes de génie: Aecom, Genivar, Dessau et Cima +.

«Nous constatons que toutes les grandes firmes qui sont présentes à Laval sont touchées, a déclaré Isabelle Adjahi, directrice des communications de Genivar. Ce sont nos bureaux de Laval qui sont concernés. Aucun employé n'est visé. Nous collaborons autant que nous le pouvons avec les policiers. Pour nous, tout ce qui touche à la réputation est important.»

De son côté, Guy Versailles, porte-parole dans les dossiers UPAC et commission Charbonneau chez Aecom, croit que son entreprise n'a rien à se reprocher, que c'est plutôt aux documents de Tecsult, qui a été racheté par Aecom, que l'UPAC s'intéresse.«La plupart des dirigeants de Tecsult ne sont plus avec nous. Mais nous collaborons entièrement avec l'UPAC ou la commission Charbonneau», a indiqué le porte-parole de cette grande firme internationale.

Quant à Cima +, elle est notamment montrée du doigt par les partis de l'opposition de Laval (qui n'ont aucun élu au conseil municipal) pour un contrat de surveillance de trois chantiers d'usines d'eau potable. Ce contrat de 3,5 millions de dollars représente un travail administratif que des fonctionnaires de la Ville font également.

Cima + estimait que 28 000 heures de travail seraient nécessaires à sept employés pour mener à bien cecontrat, ce qui est très nettement exagéré selon l'opposition. La réfection de ces trois usines pourrait coûter jusqu'à 187 millions de dollars, soit 60% plus cher que l'estimation initiale. Cima + a affirmé par voie de communiqué qu'elle collaborerait à l'enquête.

Dessau y est allé de la même promesse. Fait à noter, Claude Asselin, qui a occupé pendant 17 ans le poste de directeur général de la Ville de Laval, est membre du comité consultatif decette société, tout comme l'ex-premier ministre Lucien Bouchard. La firme occupe un immeuble du boulevard Saint-Martin qui était, il y a quelques années, le quartier général de la police de Laval.

Cima +, Dessau et Genivar font également partie, avec BPR, d'un groupe de quatre entreprises nommé devant la commission Charbonneau par Jacques Duchesneau. Il a indiqué qu'elles n'hésitaient pas à recruter d'anciens hauts fonctionnaires pour leur connaissance des enjeux municipaux ou provinciaux.

Ces perquisitions visent à amasser de la preuve documentaire, non à procéder à des arrestations. Dans le cadre de la même enquête, la police a déjà perquisitionné cinq fois à Lavaldans les dernières semaines.

Les limiers de l'UPAC ratissent extrêmement large dans cette enquête, qui vise l'attribution des contrats par l'administration de Gilles Vaillancourt. Ils ont déjà perquisitionné chez Poly-Excavation, J. Lefebvre Asphalte, Valmont Nadon Excavation, Construction Mergad, Nepcon, Louisbourg SBC (firme de Tony Accurso), Giuliani inc., Desjardins Asphalte, de Terrebonne, et DJL, de Boucherville.

Des résidences et des coffrets bancaires appartenant au maire Vaillancourt ou à ses proches ont déjà fait l'objet de perquisitions par l'escouade Marteau.

Le volume de preuve amassé par les enquêteurs est énorme. L'analyse de ces documents s'avérera une tâche colossale, qui pourrait durer plusieurs mois, selon une source. L'UPAC mène de front deux énormes dossiers, celui-ci et celui du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Si des arrestations devaient en découler, ce ne serait pas pour les prochaines semaines, prévient cet informateur bien au fait du dossier.

- Avec la collaboration de Fabrice de Pierrebourg