Francine Racine-Dubreuil, réceptionniste à l'hôtel de ville de Godmanchester, en Montérégie, n'est pas rentrée au travail lundi matin. La directrice de la municipalité, Élaine Duhème, s'est rapidement inquiétée. «Francine est une perle, une employée modèle, a-t-elle dit mardi. Elle m'aurait appelée.»

Comme elle craignait que sa collègue et amie ait eu un accident en se rendant au travail, Élaine Duhème a appelé chez elle, mais il n'y avait pas de réponse. Elle a donc appelé la fille de Francine Racine-Dubreuil, qui lui a dit qu'elle irait vérifier chez ses parents.

La fille du couple a découvert ses parents sans vie. Francine Racine-Dubreuil, qui a eu 57 ans samedi, et Michel Dubreuil, 62 ans, étaient atteints par balle. Les policiers ont découvert une arme à feu et une longue lettre sur les lieux du drame. La Sûreté du Québec privilégie la thèse du meurtre suivi d'un suicide.

Comme tous les proches du couple rencontrés mardi, Élaine Duhème est renversée. Rien, dit-elle, absolument rien ne laissait présager ce qui s'est produit. Francine Racine-Dubreuil accumulait des heures pour passer du temps aux côtés de son mari, en attente d'une opération à un genou. Le couple songeait à faire un voyage en février. «Elle a toujours parlé en bien de lui, a dit Mme Duhème. Ça avait l'air du couple parfait.»

Le couple vivait depuis quelques années dans un bungalow bleu de la 89e Avenue à Saint-Anicet, non loin de Huntingdon. Hier après-midi, un morceau du ruban de sécurité pendait à un arbuste. Dans la boîte à journal, le numéro du jour racontait, en page 13, le drame qui venait de se produire.

La famille était réunie chez la fille du couple, qui habite derrière. Francine Racine-Dubreuil et Michel Dubreuil avaient aussi un fils et quatre petits-enfants en bas âge. «On cherche toujours ce qui a pu se passer. On n'avait aucune indication, aucune raison de croire que ça n'allait pas entre eux, et on reste juste à côté», a indiqué le gendre du couple, hier matin, au cours d'un bref entretien téléphonique.

«Personne ne comprend», a résumé Michelle, voisine et amie. Cette dernière a vu Francine Racine-Dubreuil à l'épicerie, vers 15h30, dimanche après-midi. Elle lui a semblé tout à fait normale. «Elle m'a dit qu'elle profitait du mauvais temps pour peindre et que son mari travaillait ce week-end», a raconté Michelle.

Lundi matin, Michelle a constaté que le camion de sa voisine était toujours dans le stationnement, ce qui lui a semblé anormal. Une demi-heure plus tard, elle a entendu un cri. La fille du couple était sur le balcon de ses parents, accompagnée du voisin immédiat.

«Elle criait: C'est impossible, mes deux parents sont morts! , a raconté Michelle, encore bouleversée. Elle agitait des papiers. C'était sûrement la lettre.» Selon nos sources, la famille a remis le document aux policiers après en avoir entamé la lecture.

Michel Dubreuil, qui pratiquait la chasse comme loisir, travaillait depuis deux ans à la maison Russet, usine de transformation de pommes de terre de Huntingdon. Il était mécanicien. «C'était un collègue aimé, respecté, qui faisait figure de père à cause de sa grande expérience», a dit le président de l'entreprise, Léopold Moyen. Les collègues qui ont travaillé avec lui, dimanche, n'ont rien noté de particulier.

-Avec David Santerre