Accusé d'avoir tenté de corrompre un policier et d'avoir commis une entrave à la justice, l'avocat Gerardo Nicolo a perdu une première manche dans son procès qui a débuté il y a deux semaines en Cour du Québec. Le juge Claude Leblond a en effet rejeté lundi une première demande en arrêt du processus judiciaire présentée par l'accusé.

Me Gerardo Nicolo a été arrêté en novembre 2008 à l'issue de deux enquêtes de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), baptisées Clandestin 2 et Champion, qui ont découlé de la rafle antimafia Colisée de novembre 2006. Ces enquêtes visaient à identifier des policiers fédéraux corrompus qui auraient été à la solde du chef de clan Giuseppe De Vito, ainsi que des avocats qui auraient agi à titre de messagers pour le compte de ce dernier. Durant une semaine, Me Gerardo Nicolo et deux de ses collègues, Me Michel Pelletier et Me Daniel Rock, ont été suivis et mis sur écoute par des policiers dans les couloirs du Centre de services judiciaires Gouin au cours de l'enquête préliminaire d'un des accusés du projet Colisée. Simultanément, la GRC a placé auprès de Me Nicolo un agent double qui s'est fait passer pour un enquêteur corrompu. Le téléphone de ce dernier était sur écoute. Il portait également un système d'enregistrement portatif (bodypack) qui a servi à capter des conversations avec Me Nicolo, notamment au palais de justice de Montréal, le 2 avril 2008. L'enquête Champion s'est poursuivie, et Me Nicolo a finalement été arrêté huit mois plus tard.

L'enquête Clandestin 2 n'a finalement pas permis d'arrêter de policiers corrompus.

Dans une seconde requête en arrêt des procédures présentée par l'avocat de l'accusé, Me Michel Pelletier, ce dernier affirme que les prétentions de la police qui ont mené à ces deux enquêtes étaient fondées «sur de simples rumeurs de rue», qu'elles sont «devenues des investigations de pêche abusives» et que c'est «une énumération incomplète et mensongère des éléments au soutien des demandes d'autorisation d'interception électronique qui a été présentée au juge». Cette requête sera débattue ultérieurement dans le procès, qui doit durer plus de 10 semaines.

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