Une policière qui se fait embaucher comme serveuse dans un café italien. Un policier qui se fait passer pour un trafiquant de voitures volées, qui achète de la cocaïne et qui blanchit son argent sale dans le bureau de change des suspects. C'est une opération d'une audace rarement vue qui a mené au démantètelement, mercredi, d'un réseau de trafic de stupéfiants et de blanchiment d'argent lié à la mafia dans le nord-est de Montréal.

Le réseau opérait dans le café Couture, situé au 5065 du boulevard du même nom, et dans le bureau de change Les services gestions finances inc., situé au 2955, rue Fleury Est. Le bureau de change appartient à l'un des six individus arrêtés dans l'opération, Antonio Terriaca, 36 ans. Ce dernier se serait également autoproclamé patron du café Couture auprès d'un agent double à qui il a ouvert toutes grandes les portes de sa confiance, mais qui s'est plutôt avéré un cheval de Troie de la police.

Piégés deux fois plutôt qu'une

Selon Me Christian Fournier, du Bureau de lutte aux produits de la criminalité, les policiers ont fait embaucher l'une de leurs collègues comme serveuse au café Couture. Par la suite, un autre agent double est entré en scène et s'est fait passer pour un trafiquant de voitures volées. Celui-ci s'est d'abord présenté au café Couture au début de l'été pour y acheter des stupéfiants. Gagnant peu à peu la confiance des suspects, il a ensuite blanchi de l'argent qu'il qualifiait lui-même de sale au bureau de change appartenant à Terriaca.

«En tout, sept ou huit transactions de 10 000 à 30 000$ ont été faites. L'agent double disait que l'argent venait du trafic des voitures. Il voulait changer des dollars américains en dollars canadiens», a expliqué Me Fournier.

Mercredi, immédiatement après une ultime transaction de quelques dizaines de milliers de dollars, les enquêteurs sont arrivés en force au café Couture et au bureau de change, ainsi que dans quelques autres endroits.

Cinq des suspects, dont Terriaca, ont été accusés de trafic de stupéfiants hier au palais de justice de Montréal. Ils ont été relâchés sous plusieurs conditions, après avoir versé des cautions de 2500$ à 10 000$. Terriaca et un présumé complice, Steve Sader, 34 ans, ont également été accusés de recyclage des produits de la criminalité. Le bureau de change a été fermé.

Tout indique que le réseau serait lié à un clan plus important du crime organisé italien, mais on ignore lequel pour le moment.