Le cas de l'agente 728 ne doit pas faire oublier le problème plus vaste de la «culture de permissivité» au Service de police de la ville de Montréal (SPVM), croit Amir Khadir.

«On ne réglera rien si on ne fait rien que sacrifier une agente. Je veux être clair, elle doit être sanctionnée sévèrement, de façon exemplaire. Il faut envoyer un message. Mais il faut aussi s'attaquer à la racine du problème, la culture de permissivité», dit le cochef de Québec solidaire.

Cette culture, ce serait celle du «profilage racial» et du «profilage social». Et aussi du manque d'imputabilité.

Le SPVM a présenté ses excuses pour les images «troublantes» d'une intervention de l'agente 728, Stéfanie Trudeau, ainsi que pour ses propos sur les artistes et les «ostie de carrés rouges». On lui a retiré son arme. Elle est suspendue durant l'enquête interne.

Québec solidaire ne fait pas confiance au comité de déontologie qui étudie ce cas. «Ces comités sont composés essentiellement d'anciens policiers. Ils ne sont pas assez indépendants», déplore M. Khadir.

Après notre entrevue, M. Khadir a tenu à apporter ces précisions. «Ce sont en fait les équipes d'enquête du Commissaire à la déontologie policière qui sont formées d'anciens policiers.  C'est donc à l'étape de l'évaluation des plaintes que le processus manque d'indépendance. Le comité de déontologie est un tribunal administratif qui est saisi uniquement des cas où le Commissaire juge qu'il y a eu faute, ce qui représente moins de 10% des plaintes reçues. Il est formé d'avocats. »

Quelques jours avant que l'intervention musclée soit montrée par Radio-Canada, M. Khadir avait été alerté par les citoyens impliqués. Il avait demandé à rencontrer le chef du poste 38, qui se situe dans sa circonscription de Mercier. Il regrette que les autorités aient attendu la diffusion du reportage pour suspendre Mme Trudeau.

Par ailleurs, Québec solidaire demande une enquête publique indépendante sur les interventions policières des derniers mois lors des manifestations étudiantes. Quelque 3380 personnes ont été arrêtées durant la crise. «Cela permettrait de savoir, par exemple, qui ordonnait l'utilisation des balles de caoutchouc, et dans quel contexte», avance M. Khadir.

Le SPVM a bien réagi, dit la CAQ

Quand elle a vu les images de l'intervention, Sylvie Roy a été choquée. «Je n'osais pas y croire», raconte la députée de la Coalition avenir Québec. Elle juge que le SPVM a bien fait de suspendre l'agente 728 durant l'enquête interne. «C'est normal qu'on prenne le temps de vérifier tous les faits, incluant ce qui arrive avant les images qu'on a vues, avant de prendre une décision.»

Contrairement à Québec solidaire, Mme Roy fait confiance au comité de déontologie. «C'est le même principe avec le syndic du Barreau ou du Collège des médecins. Des gens de profession, dont on reconnaît la rigueur, jugent leurs pairs», rappelle-t-elle.

Elle ne croit pas qu'il existe un problème de profilage social au SPVM. Elle ne juge pas nécessaire une enquête publique sur les interventions policières durant le printemps érable. «Ils faisaient beaucoup d'heures, dans des conditions difficiles. Leur travail était généralement très bien fait. Il y a aussi des gens qui trouvent qu'ils ont été trop patients.»