Plus de 70 policiers et enquêteurs de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) frappent encore une fois à Laval, cette fois dans six entreprises se partageant la part du lion des contrats d'infrastructure et de voirie octroyés par la ville dirigée par le maire Gilles Vaillancourt.

Dès l'aube, ils ont investi les bureaux de six entreprises dont, pour une énième fois, ceux de Louisbourg SBC, société mère des entreprises de Tony Accurso, sur la rue des Rossignols. Des bureaux déjà maintes fois visités par des enquêteurs des fiscs fédéral et provincial, de l'UPAC et de la GRC.

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Les autres entreprises sont Poly-Excavation, Construction Mergad, Nepcon, Valmont Nadon Excavation et J. Dufresne Asphalte.

De 2001 à 2008, Louisbourg, Nepcon et Poly-Excavation sont les trois entreprises ayant touché la plus importante part des contrats distribués par la ville.

«C'est une perquisition liée à une enquête sur la corruption. Le Bureau de la concurrence y participe aussi», a déclaré Anne-Frédérick Laurence, porte-parole de l'UPAC.

Si la société d'Accurso est la plus connue du grand public, le nom des autres circule aussi depuis un bon moment.

Léo Lefrançois, ancien président de Poly-Excavation jusqu'à son décès, avait jadis été co-actionnaire avec une société à numéro dirigée par le maire Gilles Vaillancourt de la firme Parc Domiciliaire Boisbriand. Le maire s'est départi de ses actions en 2001, et c'est Marc Lefrançois, le fils de Léo Lefrançois, qui dirige aujourd'hui cette société, tout comme il dirige Poly-Excavation.

Quant à l'entreprise J. Dufresne asphalte, elle serait un des plus importants épandeurs de bitume de l'île Jésus.

Dans le passé, on a aussi beaucoup parlé de Nepcon et Mergad, dirigées par les membres de la famille Mergl, dont un des membres, Anthony, qui dirige Nepcon, est le beau-frère du conseiller municipal de l'équipe du maire Vaillancourt, Jean-Jacques Beldié. M. Beldié est aussi président du conseil d'administration de la Société de transport de Laval (STL).

«Les Industries A. Mergl, aussi dirigée par Anthony Mergl, a d'ailleurs obtenu il y a quelques années le contrat d'installation de dizaines d'abribus pour la STL.

«Un abribus vaut 3000$. Avec Mergl, on a payé 9000$», déplore le candidat de l'opposition à la mairie de Laval, Robert Bordeleau. Le conseiller de l'opposition Emilio Migliozzi déplore sensiblement la même chose. Fait amusant, à l'entrée de l'immeuble de Nepcon sur la rue de la Pointe-Langlois, un abribus a été installé, en guise d'abri pour les fumeurs, semble-t-il.

Mais M. Beldié a toujours nié user de sa position pour permettre l'octroi de contrats à des proches.

Quant à Valmont Nadon, son nom est aussi bien connu à Laval. Il y a un an, son entreprise d'excavation du boulevard Dagenais Ouest avait été l'objet d'une perquisition menée par Revenu Québec qui la soupçonnait d'avoir utilisé de fausses factures pour réclamer des remboursements de taxe.

À cette même adresse, est aussi enregistrée une compagnie à numéro qui opère dans le secteur du «développement immobilier», et dans laquelle M. Nadon est co-administrateur en compagnie de Pierre Grothé. Au printemps 2011, le député péquiste Bertrand Saint-Arnaud, alors dans l'opposition, avait affirmé à l'Assemblée nationale que Nadon et Grothé «ont non seulement généreusement contribué, ces dernières années, à la caisse électorale du maire de Laval, mais ont aussi donné 30 000$ au fil des ans à la caisse électorale du Parti libéral».

Le candidat du parti d'opposition Emilio Migliozzi



ne se dit pas surpris de ces perquisitions, et s'attend même «à beaucoup d'autres dans le futur, et à de nouvelles surprises concernant certaines de ces entreprises devant la commission Charbonneau».

«On souhaite que la police trouve des preuves de certains contrats qui ont toujours été douteux, où l'argent est allé. La perquisition cherche des choses très importantes. On espère, s'ils trouvent quelque chose, pouvoir faire la lumière enfin, sinon, qu'on puisse cesser les allégations, et recommencer à travailler pour faire prospérer cette ville», a-t-il commenté.

Rappelons que la semaine dernière, l'UPAC a aussi perquisitionné dans deux résidences du maire Vaillancourt, dont un condo qui appartient officiellement à sa cousine. L'hôtel de ville avait aussi été ciblé par les enquêteurs.

Avec la collaboration de Fabrice de Pierrebourg