L'ex-douanière Marilyn Béliveau, reconnue coupable en juin dernier de corruption, de complot pour importation de drogue et de gangstérisme, risque maintenant cinq ans de prison.

C'est la suggestion faite hier par le procureur de la Couronne Yvan Poulin à la juge Sylvie Durand, dans le cadre des plaidoieries sur la peine. L'avocat de Mme Béliveau, Charles Montpetit, fera ses plaidoiries ultérieurement. Plus tôt dans la journée, il a appelé à la barre des témoins pour parler en faveur de Mme Béliveau, dont une psychologue, sa mère et le mari de Mme Béliveau, Frank Antonio Fernandez. Ils se sont d'ailleurs mariés l'été dernier. Avec des sanglots dans la voix, M. Fernandez a expliqué que sa femme a fait de lui un homme meilleur. Il veut avoir des enfants avec elle et veut la garder auprès de lui. Depuis sa condamnation, Mme Béliveau, 32 ans, ne dort pratiquement pas, dit-il. L'ex-douanière s'implique maintenant dans une église et s'occupe d'un groupe de femmes. «Je l'aime plus que tout, c'est une femme forte», a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt, la psychologue Mariette Lepage a longuement donné son avis sur la situation de Mme Béliveau. Cette dernière a été surprotégée dans son enfance; par conséquent, elle a souffert d'angoisse de l'abandon et d'un manque de confiance en elle. Comme elle voulait à tout prix être aimée, elle a rencontré de mauvais garçons, à qui elle avait de la difficulté à dire non. Elle voyait la vie avec des «lunettes roses». Son arrestation en 2006, puis le processus judiciaires qui a suivi, l'ont amenée dans un état de détresse extrême. Selon la psychologue, malgré un «profil encore fragile», Mme Béliveau est une battante qui ne se voit plus comme une victime. Elle trouve néanmoins injuste d'avoir été condamnée alors qu'elle a été «utilisée» par le crime organisé.

Rappelons que Mme Béliveau, qui travaillait au siège social de l'Agence des services frontaliers, aurait donné des conseils aux criminels pour qu'ils puissent importer de la drogue sans se faire prendre. Elle devait aussi les avertir si leur marchandise faisait l'objet de surveillance. Elle a été arrêtée en 2006 dans le cadre de l'opération Colisée, qui visait le crime organisé.